BÔNE 

A L'ÉPOQUE VILLE D'UN DÉPARTEMENT FRANÇAIS

 

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LE ROLE MECONNU DE LA MARINE PENDANT LA GUERRE D’ALGERIE

 

La contribution de la Marine aux " évènements d’Algérie " est restée à ce jour, inconnue. Cette guerre n’a pas été marquée par une action navale décisive et la Marine accomplissait déjà à la Toussaint de 1954 nombre de missions que la guerre ne va faire qu’amplifier et rendre plus utiles encore.


 

 

 

Par son découpage administratif en trois départements, l’Algérie est en 1954 un prolongement du territoire métropolitain. Pour la Marine, elle est organisée en deux Commandements de la Marine (COMAR), respectivement établis à ALGER et ORAN. Au Comar Oran, le contre-amiral GELI assume aussi les fonctions de commandant de la Marine en Algérie. Les principales bases sont MERS el- KEBIR près d’Oran, et ALGER ; des points d’appui existent néanmoins à BÔNE, DJIDJELLI, PHILIPEVILLE, BOUGIE, TENES et NEMOURS. Par ailleurs, l’ALGERIE est une pièce maîtresse du système de contrôle stratégique de la  méditerranée occidentale par l’Alliance atlantique. La base de Mers el-Kebir et son annexe de Lartigue sont en cours de modernisation grâce à des capitaux, notamment américains (plus de 10 milliards de francs de 1953 au titre du plan d’assistance mutuelle). A terme, avec Bizerte et Toulon, Mers el-Kebir doit détenir l’un des trois pôles stratégiques navals de l’Otan en méditerranée.

En 1954, la marine nationale remplit, en Algérie, des missions bien spécifiques, Il s’agit essentiellement de la surveillance maritime ou Surmar, contrôle traditionnel exercé dans les eaux territoriales constituées par une bande de 3 nautiques sur le littoral de l’Algérie et de la Tunisie, de 6 nautiques sur le littoral du Maroc, distance comptée à partir de la limite des eaux nationales. La Marine assume donc la défense d’un littoral de plus de 1500 km de côtes découpées qui rendent la surveillance d’autant plus ardue. Elle dispose pour cela d’un certain nombre  de bâtiments : 3 escorteurs côtiers, 1 patrouilleur et 4 flottilles de l’aéronautique navale. C’est peu, car l’essentiel des moyens de la marine est alors réparti entre l’Indochine (en cours de désengagement) et le théâtre européen.

Les schémas d’intervention de la marine n’ont pas évolué depuis l’intervention du croiseur Duguay-Trouin au large de Mansourah en mai 1945. Les grands bâtiments doivent dissuader toute tentative de révolte et les plus petits surveiller la terre depuis la mer, débarquer des troupes et servir de relais de transmission avec les postes côtiers tenus par l’armée de terre.  

 

 

 

La prise de conscience de la gravité des évènements est rapide. Dés le 2 novembre 1954, deux hydravions CATALINAS et quatre escorteurs viennent renforcer la défense maritime à BÔNE, PHILIPPEVILLE et BOUGIE. La surmar devient très rapidement un quadrillage de la côte nord-africaine puis après 1956 et l’accession au Maroc et de la Tunisie à l’indépendance, de la seule côte algérienne. Adoptant une stratégie « d’engagement «  du territoire,  la marine cherche en quelque sorte à établir un ‘troisième barrage’ en surcroît des deux premiers aux frontières terrestres avec le Maroc et la O0Tunisie. La situation aboutit à un développement maximal des forces navales en 1956 : une vingtaine de bâtiments légers, escorteurs, patrouilleurs, renforcés par des bateaux de pêche réquisitionnés (les lamparos) à l’origine des sections de patrouille du littoral. Dans le même temps, la flotte multiplie les escales en Algérie. De plus le contre-amiral GELI devient d’ailleurs, le 29 juillet 1955, préfet maritime de la IV éme  Région avec la responsabilité de la surveillance côtières depuis le Maroc oriental jusqu’à la frontière tunisienne.

Le système de patrouille navales et aéronavales ne laisse que peut de place à la contrebande d’armes. La zone de visite douanière est ainsi redéfinie comme une bande de 20km au large des cotes tunisiennes et marocaines et jusqu’à 50km au large de l’Algérie. Dans ce périmètre, l’arraisonnement, la visite et le déroutement de tout les bâtiments, français ou étrangers, sont possibles. La suspicion est à la règle : « L’exécutant de la Surmar doit toujours se demander si la position et la route d’un bâtiment sont normales. » Dans cette lutte, l’exploitation rapide du renseignement devient un élément essentiel : la Marine coopère ainsi avec le Service de documentation extérieur et de contre-espionnage(SDECE). Se fondant ainsi sur une information obtenue au Caire, l’aviso Commandant de Pimodan intercepte et déroute, le 16 octobre 1956, sur Nemours, l’Athos chargé à Beyrouth de 70 tonnes d’armes pour le front de libération nationale (FLN).

 

 

 

 

C’est la première d’une importante série de saisies qui mettent fin partiellement au passage des armes en provenance de l’Egypte, via le Maroc, pour le compte de l’Armée de libération nationale(ALN). Peu de temps après, l’expédition de Suez visera également à interrompre ce trafic d’armes en intervenant à sa source cette fois. Le système est complété par la constitution de deux listes, l’une noire, l’autre rouge des bâtiments particulièrement suspect.

Au total, le tonnage saisi(provenant des Pays de l’Est, du Moyen-Orient, de l’Egypte et de l’Europe Occidentale) représente 1 350 tonnes. C’est le double du bilan obtenu par les forces terrestres en 1959 et 1960, à l’apogée du plan Challes. C’est encore la totalité de l’armement de l’armée de libération nationale à son zénith. Plus que la puissance de feux, ce sont donc les dispositifs d’intersections et de communications par radio qui font la force de la Surmar pour maintenir ce double états de siège de la mer et des côtes et pour empêcher toutes communications illégales entre ses deux mondes. A contrario, tout échec se fait très rapidement sentir sur la frontière… Cependant, la marine doit faire face à l’usure prématurée de ces matérielles conçut pour un combat contre les flotte du pacte de Varsovie et non pour multiplier les tours de gardes au large des côtes algériennes. L’affectation de 20 bateaux à la Surmar est nécessaire pour en maintenir en permanence et avec beaucoup d’ingéniosité dans les réparations 4 en opérations en mer. En débit des désordres occasionnés par la tentatives de Putsch en 1961, la marine poursuit ses opérations de surveillances maritimes : déroutement en Mai du Cargo danois Margot et Hansen chargés de 200 fusils mitrailleurs en république fédérale d’Allemagne, en Septembre du Tigrito panaméen rempli d’armes Espagnoles et, en Décembre, du Karaganda et du Chulym en provenance d’Europe de l’Est. Il ne semble donc pas y avoir eu dans la marine un allègement progressif de l’activité des forces en 1961.

A côté de la Surmar, la marine rempli aussi des missions sur le théâtre terrestre. C’est le cas de l’unité de détection au sol de la marine ou (UDSM) sur la ligne morice (1958-1961) et dans l’Oranais (1961-1962) ou de la demi-brigade des fusiliers marins sur la frontière marocaine (1956-1962).

L’indépendance du Maroc et de la Tunisie a fait de ces deux pays des bases arrière de la rébellion et rendu l’effort « d’encagement » du territoire algérien plus pressant. De ce constat est née l’idée de créer des barrages frontaliers où la technologie suppléerait l’insuffisance des effectifs. Plusieurs réseaux de barbelés, des zones minées, l’électrification d’une partie de plus en plus importante du réseaux de barbelés avec un courant mortel permettent aussi de signaler la tentative de franchissement de la frontière et de retarder les « hors-la-loi » le temps nécessaire à l’intervention des troupes de couverture qui jouent le rôles d’une « herse mobile ». Le succès de cette stratégie sur la frontière tunisienne décide l’état major à procéder à l’électrification complète de la frontière marocaine. Dans ce partit  pris technologique, s’insère le recours au radar : l’Unité de détection au sol de la marine, équipée de radars anti-mortiers efficaces jusqu’à 25km contre un piéton, intervient en coordination avec des pièces de 105mm. Le secteur affecté aux 200 hommes de l’Unité de détection au sol de la marine s’étend sur 15km environ de part et d’autre des postes de Soukies et de Ben Moussa. Les missions consistent à assurer une veille optique permanente de jour et une veille radar nocturne, à prendre à partie les échos suspects, à alerter les postes de la « herse mobile » et à guider sur zone les troupes d’intervention. En mai 1960, l’Unité de détection au sol de la marine est transférée dans l’Ouest de l’Algérie, peu de temps avant un violent harcèlement des postes frontières à coups de mortiers de 120 mm. 

A côté de ces spécialistes, les appelés composent l’essentiel de la demi brigade de fusiliers marin de 1956 à 1962.

La création de cette unité par le capitaine de vaisseau PONCHARDIER consacre les effets des décrets d’avril 1956 sur l’organisation de la Marine en algérie. Composée d’un état major, d’une compagnie de commandement et de services, et trois bataillons, d’une batterie d’artillerie et d’une escadrille de l’aviation navale (la 54 S), elle totalise 3480 hommes. Son affectation est le secteur de Nemours dans l’Ouest oranais : c’est un secteur à la fois côtier et stratégique à la frontière avec le Maroc, mais qu’il faut reconquérir. Dés son arrivée, en juin 1956, la demi-brigade de fusiliers marins ratisse le triangle Nedromah/Nemours/prt Say. Puis c’est la découverte du réseau de l’organisation politique et administrative du FLN. Mais les épurations chroniques au sein des mouvements « rebelles » obligent cependant à renouveler régulièrement les agents infiltrés au sein de l’organisation. Quatre services de renseignement fonctionnent auprès de l’unité : le Deuxième bureau, la gendarmerie maritime, le centre de coordination interarmées et un détachement opérationnel de protection. Des perfectionnements sont encore apportes au barrage pour contenir une pression extérieure estimée en 1961 à 10000 hommes. Un poste de commandement est installé sur une hauteur dans le noman’s land : le repérage de l’origine des tirs s’en trouve amélioré. Des avions de l’aéronavale MD 311 équipés de missiles AS 12 interviennent contre des partis de l’ALN qui n’envisagent plus que des actions de harcèlement. La stratégie d’encagement est donc un succès. Enfin la marine assure le fonctionnement de centre comme Siroco, prés d’Alger, ou le centre des opérations amphibies d’Arzew. Tous les deux ont pour mission d’améliorer la formation des personnels, de la seule Marine pour l’un, des trois armées pour l’autres. Créé en 1943, le centre de Siroco a ainsi préparé les fusiliers marins à leur mission de combattant à terre et sur mer, en même temps qu’il a constitué une compagnie d’intervention pour le quartier de Cap Matifou. Certaines opérations ont donc eu pour objectifs, après le bouclage de la zone, de détruire des bandes signalées, à la récupération du matériel et de l’armement, le contrôle de la population des douars et l’arrestation des suspects et le recueil des renseignements. Les populations rurales victimes des exactions de l’Armées de libération nationale dovent enfin être rassurées. Les commandants de Siroco ont très tôt eu conscience de la distinction essentielle entre opérations de maintien de l’ordre et activités strictement opérationnelles (guerre dans le djebel, guerre en milieu urbain, guerre subversive, etc.). Le rôle des commandos y est justement développé et un brevet de spécialité créé. Pour assurer la formation des personnels, Sirocco doit créer un centre d’instruction des relèves et a bien de la peine à faire face à la demande vu la faiblesse de ses moyens, selon le capitaine de frégate Ortolan, son chef en 1960 : « Il n’est pas possible de faire en si peu de temps (de six à huit semaines) des combattants de choc. » En effet , le centre reçoit, cette année-là, 1132 matelots. Au total, entre le 16 juillet 1956, date de l’ouverture du premier stage, et le 1 juillet 1962, terme de la 35 session, 9000 stagiaires ont été formés, car les besoins des unités à terre sont de 360 hommes tous les deux mois. Entre mai et juillet 1962, la Marine aura la charge d’évacuer la population d’origine européenne ou ralliée vers la France, lorsque la flotte marchande ne pourra plus suffire. Ne subsisteras plus jusqu’en 1967 de la présence française en Algérie que la base navale de Mers el-Kébir. Elle aura donc eu le premier et le dernier mot dans cette histoire de l’Algérie française commencé en 1830.

 

 

DOCUMENT ARMEES D’AUJOURD’HUI n° 272 juillet – août 2002

 

PATRICK BOUREILLE

Service Historique de la Marine

 

 

 

 

 

L'AERONAUTIQUE NAVALE EN ALGERIE
(1954-1962)

Cet ouvrage tient son origine dans une demande du contre-amiral Bernaudin, alors commandant de l'aviation de patrouille maritime. Il doit beaucoup à l'inlassable action de Jean Puidgemont qui a retranscrit à la main des centaines de pages recueillies au Service historique de la Marine. De son côté, l'auteur a rassemblé une abondante documentation et de nombreux témoignages avant d'organiser le tout pour établir le texte de cet ouvrage depuis longtemps attendu.
La première partie traite des évènements généraux de ce qu'on appellera plus tard la guerre d'Algérie et de l'organisation des forces des protagonistes. La seconde partie décrit les opérations menées par les formations de l'Aéronautique navale dans la grande variété des missions qui leur ont été confiées. Ces formations étaient pour certaines basées en Afrique du Nord, en métropole pour d'autres qui effectuaient des campagnes en Algérie.
De nombreuses annexes donnenet des renseignements sur le commandement, le personnel, les caractéristiques des aéronefs, les insignes des unités. Parmi elles , une liste rappelle le souvenir de ceux qui sont morts en service aérien commandé.
Certains éléments pourront paraître parfois incomplets, mais les archives officielles ne le sont pas moins, et de nombreux recoupements ont heureusement pu être effectués auprès des acteurs des évènements relatés. La tâche n'est donc pas achevée, mais les bases de cet ouvrage seront indispensables pour les recherches à venir.

L'auteur:

L'officier en chef des Equipages Henri Robin, né le 11 août 1935, a servi dans l'Aéronautique navale de 1953 à 1993 et a poursuivi par contrats pendant cinq ans dans les réserves. Il a exercé les spécialités de radariste, d'électronicien, puis d'électronicien de bord. Il sert à Lartigue en Algérie de 1958 à 1960, dans un environnement de multimoteurs P2V-6 Neptune, Privateer, Lancaster et d'hélicoptères HSS-1. En 1965, admis à l'école des officiers des Equipages de la flotte, il entame une carrière au cours de laquelle, en métropole et outre-mer, il suit les équipements embarqués en service. Pendant huit ans au Service central de l'Aéronautique navale, il est responsable de la mise en oeuvre de la plupart des équipements des aéronefs en service, comme de la mise au point des systèmes d'armes des aéronefs nouveaux. Il est ensuite directeur des études de l'école des électroniciens de Rochefort, puis commandant de la BAN Quimper-Guengat et chef des sertvices généraux de la BAN Lann-Bihoué.

Henri Robin est chevalier de la Légion d'honneur, officier de l'ordre national du Mérite, titulaire de la croix du combattant AFN et de la médaille de l'Aéronautique. Passionné d'histoire, il a également abordé l'histoire de l'Aéronautique navale en Indochine, à paraître sous peu, et de l'Aéronautique navale au centre d'expérimentation du Pacifique.



 

 

http://perso.wanadoo.fr/ardhan/s_ouvrages/ALGR.htm

 

    

Bône

À Bône, la CP 8T, qui fut remplacée en novembre 1955 par la CPA 2, fut initialement chargée d'assurer, outre la police du port, la garde de deux points sensibles situés à l'extérieur de la ville, le sémaphore du cap de Garde et le terrain d'aviation de Bône-les-Salines où deux éléments de protection étaient stationnés en permanence. Celui de l'aérodrome ne tarda pas d'ailleurs à se distinguer dans la nuit du 9 au 10 février 1956 en repoussant une attaque rebelle. Le même jour, le sémaphore du cap Rosa, qui n'était pas défendu, fut également attaqué et endommagé, aussi le commandement décida-t-il d'en confier la garde à la CPA 2. Dès le 17 février, un groupe y fut détaché, relevé tous les mois par une rotation du LCM du CIOA, affecté au port de Bône. En dehors de ces missions de garde, le personnel de la com­pagnie participait également au maintien de l'ordre dans l'agglomération bônoise. En juillet et août 1956, ses patrouilles en ville arrêtèrent cinq sus­pects et saisirent un pistolet automatique.

Le mois d'avril 1957 fut marqué par deux engagements notables. Le 23, participant à une opération de bouclage ratissage montée sur renseignements dans la banlieue de Bône pour tenter de mettre hors de combat une bande responsable de plusieurs attentats, une section renforcée de la compagni­e accrocha un groupe de sept ou huit rebelles et en abattit trois, dont identifiés comme responsables d'assassinats recherchés par la police. ,une corvée de quatre hommes, commandée par un quartier-maître qui avait quitté le phare du cap Rosa pour aller chercher de l'eau à l'oued voisin se heurta, vers 16 heures, à un groupe d'une dizaine de rebelles. Au de l'échange de coups de feu qui s'ensuivit, un matelot fut tué d'une rafale et son arme enlevée tandis que le reste de la troupe se repliait sur le qui donna l'alerte. Une section de chasseurs alpins transportée depuis la Calle par les lamparos de la 45e SPL et un détachement de la CPA 2 embarqué sur le Coutelas * (PHOTOS Eric Bonhomme) rallièrent le cap Rosa avant la tombée de la nuit, il était trop tard pour pouvoir espérer rattraper les fellaghas. Les renforts ­restèrent néanmoins en protection du phare pour la nuit.

En février 1958, la CPA 2, débarquée et soutenue par la Dague, fut enga­gée dans une opération de ratissage entre La Calle et la frontière tunisien­ne, aux environs du cap Roux et de la plage de la Messida, et entre La Vieille Calle et l'embouchure du lac Mellah. Au cours des mois suivants, elle particip­a à plusieurs fouilles de terrain et contrôles de population. En décembre, une de ses sections prit part à une opération au cours de laquelle les rebelles perdirent huit tués, dix prisonniers et sept armes de guerre, puis elle fut envoyée, du 26 au 30, en protection de la mine de Aïn Barbar, située à proximité de la côte, entre Bône et Herbillon. Au cours de cette mission, la sec­tion effectua plusieurs ouvertures de routes et des contrôles de population, tendit quelques embuscades et arrêta sept suspects.

En janvier 1959, lors d'une opération dans la région du cap de Garde, un gendarme du FLN, armé d’un pistolet automatique, fut mis hors de combat par un groupe de la CPA 2. En février, la compagnie participa à trois opérations de secteur et à une relève du cap Rosa mettant en oeuvre un chas­seur, un LCM, deux lamparos, un T6 et un groupe de démineurs du Génie. En mars, elle fut engagée dans une opération près du lac Fetzara, au cours de laquelle sept rebelles furent tués, douze suspects arrêtés et neuf armes de guerre saisies. En mai, la section d'intervention arrêta cinq suspects, décou­vrit un dépôt de ravitaillement et captura six recrues du FLN. Elle participa, le mois suivant à deux opérations de secteur qui coûtèrent aux rebellés vingt-quatre tués et vingt-deux armes, puis prit part à l'interception d'une bande qui avait franchi le barrage et qui perdit dans l'affaire trente et un tués, quinze prisonniers, quarante-cinq armes et trois postes de radio.

En juillet 1959, la compagnie de protection de Bône fut rebaptisée CPA 4. Au cours des douze mois suivants, outre les relèves et ravitaillements men­suels de la garde du cap Rosa, elle effectua une vingtaine de missions de reconnaissance et de contrôle de population et participa à environ autant d'opérations de secteur ou de quartier dans les régions d'Herbillon et de Duzerville et dans le massif de l'Edough. À la fin de l'année, elle vit ses effec­tifs augmentés par le recrutement de dix-neuf harkis. Le 31 décembre 1959, elle fut engagée dans le voisinage du cap Rosa aux côtés du commando de La Calle dans un raid de recherche de renseignements. Le bilan de la com­pagnie pour le semestre écoulé s'élevait à sept rebelles tués, dix suspects arrêtés et sept armes récupérées, mais, par la suite, l'activité de la CPA 4 devint de moins en moins opérationnelle et se réduisit à la garde des points sensibles. Au début de l'année 1962, le détachement du cap Rosa fut sup­primé, le phare ayant été évacué par les Travaux Publics.

 

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Bonjour,

J'ai visité avec intérêt votre site par le hasard de la recherche, car je fait des recherches sur le bâtiment de guerre ou mon père avait fait ses classes. En effet vous en parlez dans un article de votre site, il s'agit du patrouilleur "le Coutelas". Je vous joint une carte photo du fameux bateau pouvant peut-être alimenter votre site, ainsi qu'une photo de mon père (ne sait-on jamais, peut être l'avez-vous rencontrer là-bas).

Bien cordialement,

Éric Bonhomme

  coutelas.jpg (43076 octets)    coutelas1.jpg (73636 octets)   Bone (à identifier).jpg (46896 octets)Bone le 16-10-55.jpg (46655 octets) Port de Bone.jpg (38054 octets)

Bonsoir,

Je ne vous répond que maintenant, je suis désolé mais je manque de temps en ce moment. J'ai donc trois photos à vous envoyer. Sur les 3 photos, 2 sont identifier mais pour la troisième j'ai un doute donc j'y ai mis la note (à identifier). Je pense que vous n'aurez aucun problème à l'identifier. Je souhaite longue vie à votre site.

Bien cordialement,

Eric Bonhomme. 

e.bonhomme@wanadoo.fr

 

"aimablement communiqué par Photo Marius Bar - Toulon - cote A05324 

 

    

Bâtiment de Guerre à quai à Bône

 

 

 

 

40 - D'après le livre de l'AMIRAL Alex WASSILIEF
Ça bouge en Algérie

  Depuis deux ans, je dirige le « Service intérieur » de la base de d'aéronautique navale d'Hyères. 

Les pilotes ont adopté « le rampant » que je suis, mais je n'aspire qu'à une chose : retourner à la mer.

               -Vous ne serez pas muté avant octobre, m'a prévenu un officier de la direction du personnel.

C’est dimanche. Je paresse dans mon lit, lorsque ma femme arrive, le journal à la main.

- tu es désigné, mon chéri, pour Bône.

- ça c'est trop fort, fais voir !

Je saute du lit. Je viens de passer deux ans à terre et au lieu de m’embarquer en escadre, ce qui ne serait que justice, voilà qu'ils m’envoient dans un trou perdu et à terre par-dessus le marché. Si nous étions au temps des rois, je parlerais de disgrâce ! Mais enfin qu'ai-je donc fait pour qu'on me donne un poste pareil, le petit coin tranquille pour officiers en fin de carrière alors que j'ai été promu corvettard dans les tout pre mie rs de ma promotion ? Je me précipite à la préfecture  maritime. Comme c'est dimanche, seul l'officier de permanence e­st présent.

                - Comment ! Vous êtes déjà là? Je viens d'envoyer un planton chez  vous, il n'y a pas cinq minutes...

        - J’ai vu ma désignation dans le journal, charmant !

               - Oui , le service de Presse de Paris leur passe les dépêches directement. Tenez, voici le texte officiel.

Je lis « Ralliera immédiatement ». Je relève la tête :

- ça veut dire ?

- Que vous prenez l'avion demain. Un DC3 qui décolle de Cuers.

Il s interrompt et se lève

- Mes respects, amiral.

          Je me retourne : l'amiral Cathaux vient d'entrer, son éternel mégot à la lèvre. Il a quatre étoiles à présent et commande en chef en Méditerranée. En me voyant, il sourit. Je n'hésite pas

                    - Amiral !

                    -- Oui, mon vieux.

- Je viens d'apprendre ma désignation pour Marine Bône. Je vous serais reconnaissant d'intervenir pour faire annuler cette désignation, que j'estime injuste.

Il a déjà allumé une nouvelle cigarette à son mégot.

- Diable, c'est ennuyeux. Voyez-vous, j'ai bien peur d'étre responsable.

- De mon envoi à Bône ?

Je suis absolument sidéré : il est bien le dernier que j'aurais cru capable de me jouer un tour pareil.

- Oui, les événements en Algérie sont en train d'évoluer très vite. Nous venons d'expédier à Bône deux escorteurs, car la contrebande d'armes est à craindre. Vous voyez, cela recommence comme en Indo. J'ai demandé qu'on y envoie rapidement un corvettard dynamique et au courant des opérations à terre, car le gouvernement rappelle une ou deux classes, et des compagnies de fusiliers marins seront constituées. Il faut organiser tout cela. J'ignorais que vous aviez été choisi. Mais je comprends très bien. Je vais demander qu'un autre officier...

- Allons, amiral, ne me taquinez pas. Si c'est ainsi, vous pensez bien...

  Depuis huit jours, je suis à Bône, et en passe de succomber à une dépression nerveuse.

Au large, le droit international nous rend pratiquement impuis­sants. Pas question de fouiller un cargo en dehors des eaux territoria­les, même s'il va d'Égypte au Maroc et que les matelots font des gestes obscènes à l'égard de nos patrouilleurs.

Pourquoi donc se risqueraient-ils à débarquer des armes sur les côtes d'Algérie, alors qu'ils peuvent les décharger en toute quiétude à Casablanca ?

Nos escorteurs patrouillent donc en vain, rasant le rivage, inspec­tant la moindre anse et les avions de l'aéronavale (mes copains de Hyères, basés sur l'aérodrome des Salines) cherchent sans désemparer les navires suspects...                                                                    

Mais tout ceci n'est rien à côté de ce qui se passe à terre  Les pieds noirs, fous de rage devant les atrocités commises, et à présent quasi quotidiennes... (on le serait à moins !) réclament une répression énergique. Le gouvernement tergiverse. Pardon ! Ce n'est pas la guerre. Nous effectuons de simples opérations de police. Tirer les pre mie rs? Vous n'y songez pas ! Les troupes sont accompagnées de gendarmes qui font d'abord les sommations réglementaires.

S'agit-il d'assurer la sécurité du port de commerce, qui est confiée aux marins ? Les premières mesures que je préconise : strict contrôle aux entrées, fouilles des voitures et des bagages, etc., soulèvent un tollé de protestations : il ne faut pas importuner messieurs les passagers ! Militaires, débrouillez-vous mais n'embêtez personne !

Comme ces constatations ne m'inclinent guère à l'optimisme, je me plonge jusqu'au cou dans mon travail : c'est le meilleur dérivatif. Après tout, je suis simplement de ceux qui ont à gagner la guerre sur le terrain, ce qui dans n'importe quelle hypothèse ne peut être que bénéfique.

Voilà mes rappelés qui rappliquent, destinés aux compagnies de protection : le moins qu'on puisse en dire, c'est que l'enthousiasme ne les étouffe pas. Grâce au travail de Romain de Bethoritz, mon adjoint, un sympathique officier des équipages, excellent marin, couvert de citations, les locaux sont enfin prêts à recevoir les réservistes. Ceux-ci ont un peu fait les imbéciles au cours de leur trajet en chemin de fer. Pendant une halte, non contents d'émettre les doutes traditionnels sur la vertu de la femme du chef de gare, ils ont jeté une grenade sur le quai... Oh! pas celles, meurtrières, que les fellaghas lancent en ville, principalement dans les cafés maures, non une simple grenade d'exercice. Mais le fonctionnaire, furieux de voir sa digne épouse accusée d'adultère, en a fait tout un plat, exigeant des sanctions pour les matelots et une citation pour lui-même !

- Bethoritz, mon vieux. Si nous ne les reprenons pas en main immédiatement, nous sommes fichus...

-- Oui, mais qui punir? Ils sont cent.

Ce brave homme, qui s'est conduit en héros sur les corvettes de la France Libre , est un peu dépassé par les événements.

- Un : tout le monde est consigné à la caserne jusqu'à ce que les coupables se dénoncent. Deux : préparez-moi des sacs dorsaux remplis de cailloux. Trois : demain matin à sept heures, marche forcée Jusqu'au cap de Garde et retour. Cela fait bien vingt bornes et l'on commencera tous les jours jusqu'à ce que les auteurs de cette mauvaise plaisanterie se fassent connaître.

Deux jours, deux marches forcées. Au retour les hommes se jettent sur leur repas - j'ai veillé à ce que la soupe soit excellente -- et  s'endorment comme des masses, mais personne ne souffle mot.

 

- Je crains que ta méthode n'ait pas beaucoup de succès, déclare Bob, mon officier d'opérations.

Maurice de Ritterstein, dit Bob (on se demande bien pourquoi), est un lieutenant de vaisseau suprêmement distingué, raffiné et précieux, croulant sous les quartiers de noblesse et embaumant de parfums coûteux. Sous ses airs de petit marquis, c'est pourtant un pilote extraordinaire, d'une audace tranquille. A lui seul c'est l'état-major opérationnel car Bethoritz se consacre à la bouftance, pardon 1 à la logistique.

Nous en sommes au troisième jour d'attente. Dans peu de temps mes lascars seront de retour de leur promenade de santé quotidienne.

 - Waroubtzeff, venez dans mon bureau.

C'est le commandant qui m'appelle par l'interphone. Le capitaine de frégate Gabert était en train d'achever une très honnête carrière dans ce « consulat de la marine » lorsque les événements ont éclaté. Excellent marin, officier de valeur, il n'a malheureusement jamais eu l'occasion de se distinguer. Dénué d'ambition, il attend avec philoso­phie l'heure de la retraite.

Aujourd'hui, les multiples activités nouvelles de son secteur le déconcertent quelque peu ; et il m'a laissé carte blanche. Au fond, il m'utilise très astucieusement, en rectifiant le tir au moment opportun.

- Vous ne pouvez plus garder vos gens consignés et leur infliger ces marches forcées journalières, me dit Gabert. Le médecin est déjà venu se plaindre. Je crains qu'ils ne finissent par se rebiffer plus sérieusement. Après tout, c'est une blague de collégien, cette grenade d'exercice. J'ai pris ma décision : ce soir ils seront déconsignés.

- Sous quel prétexte, je veux dire, quelle raison donnerons-nous à ce geste ?...

- Le chef a le droit de clémence, voilà !

- Bien commandant, à vos ordres !

Je sors pas content, mais alors pas content du tout. En regardant par la fenêtre, je vois la compagnie qui entre dans la cour. Descendant l'escalier quatre à quatre, je me retrouve « sur le front des troupes ».

- A mon commandement, garde à vous !

L'ordre est exécuté avec une évidente mauvaise volonté. - Autant ! Repos. Ga... a... arde à vous!

C'est un peu mieux. Pendant une dizaine de minutes, je leur dispense les joies de l'ordre serré... Lorsque je juge leurs manoeuvres correctes, je m'adresse à eux

- La plaisanterie a assez duré. Ou bien le coupable se dénonce à présent et je vous promets que l'affaire n'aura aucune suite judiciaire. Ou bien vous persistez à faire les imbéciles et alors...

J'ai vraiment joué le tout pour le tout : si cela rate, je n'aurai plus qu'à m'en aller l'oreille basse...

- Je vous donne exactement soixante secondes.

Mon coeur bat si fort que j'ai l'impression que mes lascars l'entendent. Plus que dix secondes, plus que cinq, on dirait un jeu télévisé.

Un homme sort des rangs...

- C'est moi, commandant !

- Bien ! Vous aurez huit jours de salle de police pour « laisser tomber à terre par négligence du matériel de peu de valeur ». Je considère que vous en avez déjà fait trois. Faites rompre. Permissionnaires dans une heure.

Les gars se dispersent tout joyeux ; ils ne pensent qu'à goûter les délices de la vie nocturne bônoise !

Je crois qu'au bridge on appelle cela une impasse.

Les jours passent et mes rappelés font leur travail très consciencieu­sement. Une espèce d'esprit de corps se forge même chez eux. Je l'ai constaté avec plaisir lors d'un match de football contre un escorteur toute la compagnie était là, hurlant des encouragements.

Quant aux événements, ils se précipitent. Tous les renseignements concordent : pour la Toussaint, les rebelles vont attaquer en masse et dans la ville même. Ma compagnie de protection, mal aguerrie monopolisée par des gardes statiques - elle n'a pratiquement pas participé à la moindre opération -, constitue la principale force militaire dans Bône. En dehors de cela, rien ou presque.

- En raclant le fond des tiroirs et tous les bureaux, j'ai pu mettre sur pied deux sections, pas plus, a déclaré le colonel, commandant d'armes, un vieux ronchon distingué qui n'aime pas les marins (pourquoi ?) mais qui m'honore d'une condescendante bienveillance parce que j'ai été cavalier.

Pendant que les Européens s'arment et s'enferment à double tour la nuit, tous les tracts diffusés par les fellagha appellent la population arabe au carnage, promettent le massacre de tous les Français et mille autres gâteries concernant leurs épouses.

Et voici que le croiseur amiral de l'escadre de la Méditerranée fait son entrée dans le port. Sur le pont, cent, deux cents « bérets verts » en tenue camouflée : les commandos marine, enfin !

Une foule nombreuse suit la manoeuvre d'accostage. Je monte à bord, délégué par mon commandant pour saluer le grand chef et lui demander à quelle heure mon pacha pourra lui faire une visite officielle. Le commandant en second n'est autre qu'Audis, promu au grade supérieur. Je m'enquiers

- Quand est-ce que les commandos vont débarquer ?

- Pour le moment, il n'est pas question qu'ils débarquent, vous comprendrez rapidement pourquoi...

En fin de journée, l'état-major au grand complet derrière son chef, le colonel et le capitaine de frégate Gabert, assistent à la cérémonie des couleurs. La musique joue la Marseillaise puis les « bérets verts » défilent sur la plage arrière avant de disparaître dans les entrailles du croiseur.

Le quai est noir de monde, encore plus d'Arabes que de Français. Des milliers de spectateurs assistent à ce « show ». Car c'en est un pendant le défilé des « commandos », j'ai bien cru reconnaître trois cuisiniers, deux commis, des fourriers, des timoniers, et je commence à comprendre. L'officier qui commande cette troupe d'élite (!) - un vrai fusilier celui-là - me le confirme d'ailleurs peu après.

- Des fusiliers commandos, vous voulez rire ? On a ramassé tous les disponibles jusqu'au dernier des gargouillots, pour faire nombre ! C'est une idée de l'amiral.

Elle est excellente, l'idée de l'amiral car les petits yaouled, qui ouvraient de grands yeux tout à l'heure, ont tôt fait de répandre la nouvelle jusqu'au fin fond des médinas. Le lendemain, la sûreté, les renseignements généraux, le deuxième bureau et tutti quanti sont unanimes

- Tous les éléments dangereux dont nous avions décelé la présence en ville se sont évaporés dans la nature.

- Gloire aux gargouillots, déguisés en commandos, qui ont sauvé la ville.

     Quelques jours plus tard, cela va encore beaucoup mieux : un régiment de parachutistes coloniaux s'installe à la citadelle. Le jeune lieutenant-colonel qui le commande a un nom qui commence à courir sur les lèvres : Bigeard. Les alentours de la ville sont rapidement nettoyés et la population respire...

Un soir, alerte ! La mairie d'Herbillon, minuscule port de pêche au nord de Bône, appelle à l'aide. C'est un petit village encastré dans les rochers. Pour y accéder, une seule route, qui traverse le massif boisé de l'Edough. Envoyer des renforts de nuit par cet itinéraire, c'est risquer à coup sûr de tomber dans une embuscade. Seul moyen de les secourir : y aller par mer. Or je n'ai rien sous la main.

Il pleut à verse, un vent de cornecul : pas question d'une interven­tion aérienne de nuit : la montagne qui domine Herbillon est noyée dans les nuages. J'ai pourtant une compagnie de paras mise à notre disposition. Restent les vedettes Samar. Armées par du personnel de la Marine nationale, elles font partie d'une organisation mondiale de sauvetage des aéronefs en mer. Défense formelle de les utiliser. Je crois que je vais faire une nouvelle entorse au règlement.

Je convoque le maitre principal de manoeuvre qui commande les vedettes. Il n'hésite pas une seconde

- S'il faut y aller, on ira!

Je m'équipe rapidement et m'apprête à monter à bord ; les paras sont déjà embarqués et chantent. Une voix derrière moi dans la nuit - Où allez-vous ainsi ?

Je me retourne, c'est le capitaine de frégate Gabert.

- Je vais avec eux, commandant, bien entendu. Je n'ai pas l'habitude d'envoyer mes gars se faire casser la gueule sans être à leur tête.

- Je vous l'interdis. Le capitaine des parachutistes est là ; c'est suffisant.

Pour toute réponse, je lui tourne le dos. Il m'empoigne par le bras avec une force qui me surprend et crie

- Vous allez obéir. Vous n'êtes plus un midship pour jouer au petit soldat. C'est un ordre !

Avant que j'aie le temps de répondre, Ritterstein pose sa main sur mon épaule

- Il est temps que tu t'y fasses, André. Tu es officier supérieur à présent. Si tu étais tué, ce serait un succès pour les fellagha.

Qu'il aille au diable, mais il a raison. Me voilà condamné à faire la guerre derrière un micro. Brusquement, je me sens vieux.

Et ce genre de campagne au bout d'un téléphone et avec un stylo pour arme ne mérite pas d'être raconté.

 

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