BÔNE A L'ÉPOQUE VILLE D'UN DÉPARTEMENT FRANÇAIS
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LES LIVRES ET VIDÉO LE TOIT COLLECTIF BÔNOIS-RETROUVAILLES PAGE HISTORIQUE CHRISTIAN AGIUS PAGE DE MONSIEUR ALBIN SEBASTIANI PHOTO DE MONSIEUR DAUBEZE/GUATTERI
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SURVEILLANCE MARITIME ET TERRESTRE
LE
ROLE MECONNU DE LA MARINE PENDANT LA GUERRE D’ALGERIE La contribution de la Marine aux " évènements d’Algérie " est restée à ce jour, inconnue. Cette guerre n’a pas été marquée par une action navale décisive et la Marine accomplissait déjà à la Toussaint de 1954 nombre de missions que la guerre ne va faire qu’amplifier et rendre plus utiles encore.
Par son découpage administratif en trois départements, l’Algérie est en 1954 un prolongement du territoire métropolitain. Pour la Marine, elle est organisée en deux Commandements de la Marine (COMAR), respectivement établis à ALGER et ORAN. Au Comar Oran, le contre-amiral GELI assume aussi les fonctions de commandant de la Marine en Algérie. Les principales bases sont MERS el- KEBIR près d’Oran, et ALGER ; des points d’appui existent néanmoins à BÔNE, DJIDJELLI, PHILIPEVILLE, BOUGIE, TENES et NEMOURS. Par ailleurs, l’ALGERIE est une pièce maîtresse du système de contrôle stratégique de la méditerranée occidentale par l’Alliance atlantique. La base de Mers el-Kebir et son annexe de Lartigue sont en cours de modernisation grâce à des capitaux, notamment américains (plus de 10 milliards de francs de 1953 au titre du plan d’assistance mutuelle). A terme, avec Bizerte et Toulon, Mers el-Kebir doit détenir l’un des trois pôles stratégiques navals de l’Otan en méditerranée. En 1954, la marine nationale remplit, en Algérie, des missions bien spécifiques, Il s’agit essentiellement de la surveillance maritime ou Surmar, contrôle traditionnel exercé dans les eaux territoriales constituées par une bande de 3 nautiques sur le littoral de l’Algérie et de la Tunisie, de 6 nautiques sur le littoral du Maroc, distance comptée à partir de la limite des eaux nationales. La Marine assume donc la défense d’un littoral de plus de 1500 km de côtes découpées qui rendent la surveillance d’autant plus ardue. Elle dispose pour cela d’un certain nombre de bâtiments : 3 escorteurs côtiers, 1 patrouilleur et 4 flottilles de l’aéronautique navale. C’est peu, car l’essentiel des moyens de la marine est alors réparti entre l’Indochine (en cours de désengagement) et le théâtre européen. Les schémas d’intervention de la marine n’ont pas
évolué depuis l’intervention du croiseur Duguay-Trouin au large de
Mansourah en mai 1945. Les grands bâtiments doivent dissuader toute tentative
de révolte et les plus petits surveiller la terre depuis la mer, débarquer des
troupes et servir de relais de transmission avec les postes côtiers tenus par
l’armée de terre.
La
prise de conscience de la gravité des évènements est rapide. Dés le 2
novembre 1954, deux hydravions CATALINAS et quatre escorteurs viennent renforcer
la défense maritime à BÔNE, PHILIPPEVILLE et BOUGIE. La surmar devient très
rapidement un quadrillage de la côte nord-africaine puis après 1956 et
l’accession au Maroc et de la Tunisie à l’indépendance, de la seule côte
algérienne. Adoptant une stratégie « d’engagement « du
territoire, la marine cherche en
quelque sorte à établir un ‘troisième barrage’ en surcroît des deux
premiers aux frontières terrestres avec le Maroc et la O0Tunisie. La situation
aboutit à un développement maximal des forces navales en 1956 : une
vingtaine de bâtiments légers, escorteurs, patrouilleurs, renforcés par des
bateaux de pêche réquisitionnés (les lamparos) à l’origine des sections de
patrouille du littoral. Dans le même temps, la flotte multiplie les escales en
Algérie. De plus le contre-amiral GELI devient d’ailleurs, le 29 juillet
1955, préfet maritime de la IV éme
Région avec la responsabilité de la surveillance côtières depuis le
Maroc oriental jusqu’à la frontière tunisienne. Le système de patrouille navales et aéronavales ne laisse que peut de place à la contrebande d’armes. La zone de visite douanière est ainsi redéfinie comme une bande de 20km au large des cotes tunisiennes et marocaines et jusqu’à 50km au large de l’Algérie. Dans ce périmètre, l’arraisonnement, la visite et le déroutement de tout les bâtiments, français ou étrangers, sont possibles. La suspicion est à la règle : « L’exécutant de la Surmar doit toujours se demander si la position et la route d’un bâtiment sont normales. » Dans cette lutte, l’exploitation rapide du renseignement devient un élément essentiel : la Marine coopère ainsi avec le Service de documentation extérieur et de contre-espionnage(SDECE). Se fondant ainsi sur une information obtenue au Caire, l’aviso Commandant de Pimodan intercepte et déroute, le 16 octobre 1956, sur Nemours, l’Athos chargé à Beyrouth de 70 tonnes d’armes pour le front de libération nationale (FLN).
C’est la première d’une importante série de saisies qui mettent fin partiellement au passage des armes en provenance de l’Egypte, via le Maroc, pour le compte de l’Armée de libération nationale(ALN). Peu de temps après, l’expédition de Suez visera également à interrompre ce trafic d’armes en intervenant à sa source cette fois. Le système est complété par la constitution de deux listes, l’une noire, l’autre rouge des bâtiments particulièrement suspect. Au total, le tonnage saisi(provenant des Pays de l’Est, du Moyen-Orient, de l’Egypte et de l’Europe Occidentale) représente 1 350 tonnes. C’est le double du bilan obtenu par les forces terrestres en 1959 et 1960, à l’apogée du plan Challes. C’est encore la totalité de l’armement de l’armée de libération nationale à son zénith. Plus que la puissance de feux, ce sont donc les dispositifs d’intersections et de communications par radio qui font la force de la Surmar pour maintenir ce double états de siège de la mer et des côtes et pour empêcher toutes communications illégales entre ses deux mondes. A contrario, tout échec se fait très rapidement sentir sur la frontière… Cependant, la marine doit faire face à l’usure prématurée de ces matérielles conçut pour un combat contre les flotte du pacte de Varsovie et non pour multiplier les tours de gardes au large des côtes algériennes. L’affectation de 20 bateaux à la Surmar est nécessaire pour en maintenir en permanence et avec beaucoup d’ingéniosité dans les réparations 4 en opérations en mer. En débit des désordres occasionnés par la tentatives de Putsch en 1961, la marine poursuit ses opérations de surveillances maritimes : déroutement en Mai du Cargo danois Margot et Hansen chargés de 200 fusils mitrailleurs en république fédérale d’Allemagne, en Septembre du Tigrito panaméen rempli d’armes Espagnoles et, en Décembre, du Karaganda et du Chulym en provenance d’Europe de l’Est. Il ne semble donc pas y avoir eu dans la marine un allègement progressif de l’activité des forces en 1961. A côté de la Surmar, la marine rempli aussi des missions sur le théâtre terrestre. C’est le cas de l’unité de détection au sol de la marine ou (UDSM) sur la ligne morice (1958-1961) et dans l’Oranais (1961-1962) ou de la demi-brigade des fusiliers marins sur la frontière marocaine (1956-1962). L’indépendance du Maroc et de la Tunisie a fait de ces deux pays des bases arrière de la rébellion et rendu l’effort « d’encagement » du territoire algérien plus pressant. De ce constat est née l’idée de créer des barrages frontaliers où la technologie suppléerait l’insuffisance des effectifs. Plusieurs réseaux de barbelés, des zones minées, l’électrification d’une partie de plus en plus importante du réseaux de barbelés avec un courant mortel permettent aussi de signaler la tentative de franchissement de la frontière et de retarder les « hors-la-loi » le temps nécessaire à l’intervention des troupes de couverture qui jouent le rôles d’une « herse mobile ». Le succès de cette stratégie sur la frontière tunisienne décide l’état major à procéder à l’électrification complète de la frontière marocaine. Dans ce partit pris technologique, s’insère le recours au radar : l’Unité de détection au sol de la marine, équipée de radars anti-mortiers efficaces jusqu’à 25km contre un piéton, intervient en coordination avec des pièces de 105mm. Le secteur affecté aux 200 hommes de l’Unité de détection au sol de la marine s’étend sur 15km environ de part et d’autre des postes de Soukies et de Ben Moussa. Les missions consistent à assurer une veille optique permanente de jour et une veille radar nocturne, à prendre à partie les échos suspects, à alerter les postes de la « herse mobile » et à guider sur zone les troupes d’intervention. En mai 1960, l’Unité de détection au sol de la marine est transférée dans l’Ouest de l’Algérie, peu de temps avant un violent harcèlement des postes frontières à coups de mortiers de 120 mm. A côté de ces spécialistes, les appelés composent l’essentiel de la demi brigade de fusiliers marin de 1956 à 1962. La création de cette unité par le capitaine de vaisseau PONCHARDIER consacre les effets des décrets d’avril 1956 sur l’organisation de la Marine en algérie. Composée d’un état major, d’une compagnie de commandement et de services, et trois bataillons, d’une batterie d’artillerie et d’une escadrille de l’aviation navale (la 54 S), elle totalise 3480 hommes. Son affectation est le secteur de Nemours dans l’Ouest oranais : c’est un secteur à la fois côtier et stratégique à la frontière avec le Maroc, mais qu’il faut reconquérir. Dés son arrivée, en juin 1956, la demi-brigade de fusiliers marins ratisse le triangle Nedromah/Nemours/prt Say. Puis c’est la découverte du réseau de l’organisation politique et administrative du FLN. Mais les épurations chroniques au sein des mouvements « rebelles » obligent cependant à renouveler régulièrement les agents infiltrés au sein de l’organisation. Quatre services de renseignement fonctionnent auprès de l’unité : le Deuxième bureau, la gendarmerie maritime, le centre de coordination interarmées et un détachement opérationnel de protection. Des perfectionnements sont encore apportes au barrage pour contenir une pression extérieure estimée en 1961 à 10000 hommes. Un poste de commandement est installé sur une hauteur dans le noman’s land : le repérage de l’origine des tirs s’en trouve amélioré. Des avions de l’aéronavale MD 311 équipés de missiles AS 12 interviennent contre des partis de l’ALN qui n’envisagent plus que des actions de harcèlement. La stratégie d’encagement est donc un succès. Enfin la marine assure le fonctionnement de centre comme Siroco, prés d’Alger, ou le centre des opérations amphibies d’Arzew. Tous les deux ont pour mission d’améliorer la formation des personnels, de la seule Marine pour l’un, des trois armées pour l’autres. Créé en 1943, le centre de Siroco a ainsi préparé les fusiliers marins à leur mission de combattant à terre et sur mer, en même temps qu’il a constitué une compagnie d’intervention pour le quartier de Cap Matifou. Certaines opérations ont donc eu pour objectifs, après le bouclage de la zone, de détruire des bandes signalées, à la récupération du matériel et de l’armement, le contrôle de la population des douars et l’arrestation des suspects et le recueil des renseignements. Les populations rurales victimes des exactions de l’Armées de libération nationale dovent enfin être rassurées. Les commandants de Siroco ont très tôt eu conscience de la distinction essentielle entre opérations de maintien de l’ordre et activités strictement opérationnelles (guerre dans le djebel, guerre en milieu urbain, guerre subversive, etc.). Le rôle des commandos y est justement développé et un brevet de spécialité créé. Pour assurer la formation des personnels, Sirocco doit créer un centre d’instruction des relèves et a bien de la peine à faire face à la demande vu la faiblesse de ses moyens, selon le capitaine de frégate Ortolan, son chef en 1960 : « Il n’est pas possible de faire en si peu de temps (de six à huit semaines) des combattants de choc. » En effet , le centre reçoit, cette année-là, 1132 matelots. Au total, entre le 16 juillet 1956, date de l’ouverture du premier stage, et le 1 juillet 1962, terme de la 35 session, 9000 stagiaires ont été formés, car les besoins des unités à terre sont de 360 hommes tous les deux mois. Entre mai et juillet 1962, la Marine aura la charge d’évacuer la population d’origine européenne ou ralliée vers la France, lorsque la flotte marchande ne pourra plus suffire. Ne subsisteras plus jusqu’en 1967 de la présence française en Algérie que la base navale de Mers el-Kébir. Elle aura donc eu le premier et le dernier mot dans cette histoire de l’Algérie française commencé en 1830. DOCUMENT ARMEES D’AUJOURD’HUI n° 272 juillet –
août 2002 PATRICK BOUREILLE Service Historique de la Marine
http://perso.wanadoo.fr/ardhan/s_ouvrages/ALGR.htm
Bâtiment de Guerre à quai à Bône
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