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NE(E) à Bône
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Le
maréchal
Alphonse
Juin
(1888-1967)
D'origine modeste. Alphonse Juin, futur maréchal de
France, est né le 16 décembre 1888 à Bône, en Algérie, d'une mère corse et
d'un père vendéen, gendarme de son état.
Boursier, il effectue ses études secondaires à Constantine, puis
à Alger. En 1909, il entre à l'école militaire de Saint-Cyr et fait partie de
1a promotion " Fez ~ où il a pour condisciple Charles de Gaulle. Il en
sort major et reçoit ses galons de sous-lieutenant le 1er octobre 1912.
Affecté au ler tirailleurs algériens, il fait ses premières
armes au Maroc
Pendant la Grande Guerre, il s'illustre d'entrée et reçoit la
croix de la Légion d'honneur en 1914, après la bataille de la Marne. Le 15
mars 1915, en Champagne, le lieutenant Juin est grièvement blessé au bras
droit. L'amputation est évitée mais des séquelles ineffaçables l'obligeront
définitivement à saluer du bras gauche.
Après la Première Guerre mondiale, Juin entre à l'école de Guerre dont il
s'affirme comme un élève si brillant qu'il sera maintenu, contre son gré,
comme professeur stagiaire.
Multipliant les démarches. il est affecté en Tunisie en 1921.
En 1923 sur l'intervention personnelle de Lyautey, il se
retrouve au Maroc. Une solide amitié s'instaure bientôt entre l'illustre maréchal
et le jeune capitaine. Juin va dès lors concevoir toutes les opérations du
Moyen-Atlas au Tafilalet. Pénétré de la doctrine propre à Lyautey, il se révèle
aussi bon stratège qu'organisateur avisé et fin diplomate. Cependant, malgré
des états de service exceptionnels, son avancement se trouve incroyablement
bloqué.
En
juin 1926, il est enfin nommé commandant. Lyautey est alors rappelé à Paris,
Juin l'accompagne et reste attaché pendant deux ans à son état-major, par fidélité.
En
1928, il épouse Marie-Cécile Bonnefoy dont le père est agriculteur dans le
Constantinois.
Affecté
à Rabat, en 1929. comme chef de cabinet militaire du résident général Saint,
il est amené à collaborer avec le général Noguès et se lie d'amitié avec
le Glaoui, pacha de Marrakech. La pacification du Maroc est en voie d'achèvement
quand il reçoit ses galons de lieutenant-colonel, en 1932.
En
1933, celui qu'on surnomme déjà Juin l'Africain est rappelé à Paris. Adepte
de la guerre de mouvement et ennemi de l'attaque frontale, ses arguments font
impression. Promu colonel en juin 1935, il est attaché à l'état-major du
Conseil supérieur de la Guerre
Le
26 décembre 1938, le voici élevé au grade de général de brigade. Il a tout
juste cinquante ans et se retrouve enfin à un niveau d'avancement plus conforme
à ses mérites.
En
septembre 1939, alors que la Deuxième Guerre mondiale vient d'éclater, il est
volontaire pour un commandement sur le front et se voit confier la 15e division
motorisée. A la tête de cette valeureuse unité, il tient tête a l'ennemi
dans le saillant de Valenciennes, couvrant ainsi la retraite anglaise de
Dunkerque. Progressivement débordé sur les ailes, il est enfermé dans les
faubourgs de Lille et fait prisonnier le 30 mai 1940, puis interné dans la
forteresse de Konigstein.
Rapatrié
sur la demande du maréchal Pétain, il est promu général de corps d'armée et
nommé commandant en chef pour l'Afrique du Nord, le 20 novembre 1941, après le
rappel du général Weygand.
Lors
du débarquement allié en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942, Juin pousse
Darlan à proclamer le cessez-le-feu et favorise le ralliement à Giraud. Il
passe des accords avec le commandement américain, ordonne la mobilisation et déclenche
les hostilités sur le front tunisien, le 19 novembre.
Nommé général d'armée en décembre 1942, il commande de mai
1943 a Juillet 1944 le corps expéditionnaire français qui va se couvrir de
gloire en Italie.
Vainqueur
sur le Garigliano, il offre aux Américains une voie triomphale et leur ouvre
les portes de Rome, le 4 juin 1944.
Rappelé
à Alger comme chef d'état-major de la Défense nationale, il transmet son
commandement au général de Lattre de Tassigny, le 23 juillet 1944.11 assumera
ensuite la haute fonction de résident général au Maroc, de
De
1952 à 1956, il exerce la charge de commandant interallié des forces
atlantiques terrestres du secteur Centre-Europe.
L'année
1952 marque pour Alphonse Juin l'apogée de sa carrière. Promu à un
commandement éminent, il est, par-dessus tout, élevé le 8 mai à la dignité
de maréchal de France et, comme le veut la tradition, il est élu la même année
à l'Académie française.
Après
avoir triomphé de tous les obstacles, donné tant de gloire à la France et
atteint à l'honneur suprême, Juin verra les dernière années de sa vie
assombries par la guerre d'Algérie. Fidèle à ses origines, il exprime
loyalement son attachement à sa terre natale et, en 1962, il fait publiquement
état de ses divergences quant à la politique algérienne du président de
Gaulle. Ce dernier le prive alors de toutes ses prérogatives.
Le
maréchal Juin s'éteint au Val-de-Grâce le 27janvier 1967. La France lui fait
des funérailles nationales et il est inhumé aux Invalides.
In L'Algérianiste n°66 de juin 1994 p11
JUIN Adolphe (Bône, Algérie 1888 - Paris 1967). Maréchal de France (1952).
Membre de l’Académie française (1953). De mère corse (Preziosa Salini),
parlait corse selon un témoignage
Complément tire de ARMÉES
D' AUJOURD'HUI numéros 272 juillet août 2002
Maréchal Alphonse
JUIN
Page réalisée avec l'aide de Jean Louis Ventura, André Lacroix, Marcel
Ferreres, revue du Cercle Algérianiste (n°66 de juin 1994 page11), Lieutenant
Abdil Bicer du Service Historique de l'Armée de Terre.
ACTE DE NAISSANCE N° 735
L'an mil
huit cent quatre-vingt-huit, le Dix huit Décembre à quatre
heures et quart du soir, ACTE
DE NAISSANCE de JUIN Alphonse Pierre, enfant
du sexe masculin né à Bône au domicile de son aïeul, à
Sainte-Anne, avant hier à onze heures du matin.
Fils de JUIN Victor Pierre âgé de trente deux ans,
gendarme à pieds et de SALINI Précieuse son épouse âgée
de dix huit ans, sans profession, domiciliés à
Constantine.
Sur les réquisition
et présentation faites par SALINI Pascal âgé de
trente huit ans, gendarme, aïeul de l'enfant, domicilié à
Bône, Sainte-Anne, qui a assisté à l'accouchement,
En présence de
FERRE Guillaume âgé de trente cinq ans et de Goutte David
âgé de quarante sept ans, tous deux gendarmes à pieds,
domiciliés à Bône.
Nous
LEGENDRE Léonor Adjoint au Maire
de Bône (département de Constantine), officier de l'Etat
civil, par délégation avons
dressé le présent acte que nous avons lu aux comparants et
signé avec eux.
JUIN Alphonse Pierre, marié à Constantine le vingt six
décembre mil neuf cent vingt huit avec Marie Gabrielle
Mauricette Cécile BONNEFOY.
Décédé à Paris (5éme arrondissement) le vingt sept
janvier mil neuf cent soixante sept.
|
DE LA VIE DE SOLDAT
AU MARÉCHALAT
A 23 ans ,ALPHONSE PIERRE JUIN sort major de la "
promotion FEZ " de Saint-Cyr aux cotés
de Charles de Gaulle. Très tôt, ses supérieurs
remarquent son travail et sa "
personnalité marquée ".Retour sur les
qualités exceptionnelles , les différents postes
et le dynamisme d'un grand chef militaire.
ALPHONSE PIERRE JUIN
(1888-1967)
D'origine modeste. Alphonse Juin, futur maréchal
de France, est né le 16 décembre 1888 à Bône, en
Algérie Française., d'une mère corse et d'un père
vendéen, gendarme de son état.
Boursier, il effectue ses études secondaires à
Constantine, puis à Alger.
Le 7 octobre 1909, il signe un engagement de quatre
ans comme soldat de 2éme classe au 1er régiment de
zouaves à ALGER .Apres avoir suivi le peloton d'élèves
gradés, il est nommé caporal. Plus tard, il
obtient le galon de sergent et est affecté à la 14éme
compagnie. Le capitaine Mingasson qui commande cette
unité, le note ainsi : " Sujet
exceptionnel. S'il continue comme il a commencé, il
ira certainement très loin. "
 |
Le 15 octobre 1910, à 21 ans, il entre
en même temps que Charles de Gaulle à
Saint-Cyr au sein de la " Promotion
Fez ". deux ans plus tard, il en
sort major, reçoit ses galons de
sous-lieutenant le 1er octobre 1912, et
demande comme affectation le 1er régiment
de tirailleurs à Blida, choix dicté par la
volonté de mieux connaître l'Afrique du
Nord. Afin de pacifier les confins
algeros-marocains , la garnison de Blida
implantes dans la plaine de la Mitidja au
sud d'Alger, forme des unités de marche
pour le Maroc. Ce pays qui fascine le jeune
sous lieutenant, demeure pour lui un mystère.
Comme ses notes personnelles tendent à le démontrer
: " Pas un
instant il ne m'était venu à l'idée que
je pourrais à ma sortie mener une existence
d'un officier dans une garnison en France,
consistant à tourner à vide dans un cycle
d'instruction répété chaque année avec
une monotonie désespérante. Je crois même
que l'esprit et la volonté de revanche, que
certains de mes camarades affichaient pour
se réconforter, n'eurent jamais aucune résonance
en moi, si bourré d'histoire militaire que
je fusse. "
|
Dés son arrivée en Afrique du Nord, le
sous-lieutenant JUIN participe à la pacification de
l'Atlas entamée par le général Lyautey. Deux mois
après son arrivée, Juin est affecté au bataillon
de marche de son régiment qui est engagé au Maroc
occidental. Le détachement auquel il appartient reçoit
la mission d'établir un point d'appui à Guercif. A
la tête d'une section, il participe aux combats
dans la montagne aux environs de Taza.
Fasciné par le Maroc, il demande à servir dans les
troupes auxiliaires marocaines. Affecté au 1er
bataillon de tirailleurs marocains sous les ordres
du commandant Poeymirau, Juin vit aux cotés d'un
chef de grande valeur. Il dira plus tard que c'est
Poeymirau qui lui a appris son métier d'officier :
" Poeymirau était un
troupier né, un troupier à la française , ayant
tous les enthousiasmes, tout les dévouements et
toute la candeur que cette heureuse disposition
comporte. "
En août 1914 le bataillon auquel appartient le
lieutenant Juin est envoyé en France. Il débarque
à Sète, puis il est transféré à Bordeaux pour
former une brigade marocaine. Celle-ci est envoyée
en train à Amiens afin de contenir l'avancée de
l'armée Von Kluck qui se dirige vers Paris. Le
lieutenant Juin, surpris par une situation
inattendue, est blessé pour la première fois aux
environs de Château-Thierry lors d'un bombardement
d'artillerie : " Je
compris incontinent que l'artillerie allemande avait
recherché une fourchette pour battre la route, repérable
aux arbres qui la bordaient ; mon ordre résultait
d'une grossière ineptie de mon propre jugement, je
rectifiais mon erreur en criant : " Tout
le monde en arrière dans le champ de maïs.
"
 |
Bien que blessé, il refuse d'être évacué
et reste avec ses hommes. Les opérations
se poursuivent à l'Ouest de Soissons où
la brigade marocaine est chargée
d'enlever les positions allemandes.
Cependant, la compagnie dans laquelle Juin
commande sa section, sans liaison avec le
reste du bataillon, résiste à toutes les
contre-attaques qui tentent de la déloger,
Après une journée et une nuit de combat,
la compagnie réduite à une quinzaine
d'hommes, est relevée par des élément
du 3éme zouaves. Le lieutenant Juin reçoit
pour sa bravoure la croix de la légion
d'honneur avec citation à l'ordre de
l'armée : " Officier
se signalant partout par son courage, son
coup d'œil, sa décision… "
|
Le 14 mars 1915, lors d'une attaque surprise
contre les positions allemandes dans le secteur de
Mesnil-les-Hurlus, Juin est grièvement blessé au
bras droit. L'amputation est évitée mais des séquelles
ineffaçables l'obligeront définitivement à saluer
du bras gauche. Il reste durant huit mois à l'hôpital
mais ne peut récupérer l'usage normal de sa main
ni de son bras droits. Il part ensuite en
convalescence au Maroc, puis retourne au front le 25
décembre 1916.
Quelques mois plus tard, le 16 avril 1917, le
capitaine Juin participe avec 1er régiment de
tirailleurs marocains à l'offensive Nivelle.
Après la guerre, Juin se rend à Paris pour
suivre les cours de l'École de guerre jusqu'en
1921. dont il s'affirme comme un élève si brillant
qu'il sera maintenu, contre son gré, comme
professeur stagiaire.
A sa sortie, ses supérieurs le qualifient " d'officier
très travailleur " ayant une
" personnalité marquée ".
Multipliant les démarches. il est affecté en
Tunisie en 1921. Le capitaine breveté Juin fait son
stage d'application à Tunis où il est remarqué
par le résident général Lucien Saint.
En 1923 sur l'intervention personnelle de Lyautey,
il se retrouve au Maroc où il participe à la lutte
contre les rebelles dans le rif. Une solide amitié
s'instaure bientôt entre l'illustre maréchal et le
jeune capitaine. Juin va dès lors concevoir toutes
les opérations du Moyen-Atlas au Tafilalet. Pénétré
de la doctrine propre à Lyautey, il se révèle
aussi bon stratège qu'organisateur avisé et fin
diplomate. Cependant, malgré des états de service
exceptionnels, son avancement se trouve
incroyablement bloqué.
Rembarqué le 10 octobre 1925, il rentre à Paris
avec le maréchal Lyautey pour travailler sous ses
ordres au Conseil supérieur de la guerre.
Alternant, au cours de cette période, combats sur
le terrain et fonctions en états-majors, le
capitaine Juin apparaît déjà comme un chef
remarquable.
En juin 1926, il est enfin nommé commandant.
Devenu chef de bataillon, Juin est, à sa demande,
affecté en Afrique du Nord. Le 10 septembre 1927,
il se présente au colonel Pichon qui commande le 7éme
régiment de tirailleurs algériens à Constantine.
Son séjour en Algérie est marqué par son mariage
en 1928 avec Cécile Bonnefoy, fille de Maurice
Bonnefoy riche propriétaire constantinois. Début
1929, Lucien Saint devient résident général du
Maroc. Aussitôt, ce dernier fait demander au chef
de bataillon Juin s'il accepterait d'être son chef
de cabinet militaire. Réticent, Alphonse Juin
demande conseil au Maréchal Lyautey. Celui-ci est
formel, il doit accepter. Ainsi, durant quatre ans,
le chef de bataillon Juin est associé à la mise en
œuvre de la politique de pacification du Maroc. Du
fait de ses qualités exceptionnelles , des différents
postes qu'il occupe et du dynamisme dont il fait
preuve, le chef de bataillon Juin est proposé, par
le résident général et le général Nogues, pour
le grade de lieutenant-colonel à titre exceptionnel
: " On peut dire du
commandant Juin, qui est sorti premier de sa
promotion de Saint-Cyr, qu'il a largement tenu ses
promesses de sa brillante entrée dans la carrière."
La haute personnalité de cet officier se dégage
nettement des notes élogieuses qui lui ont été décernées
par tous les chefs qui ont eu à l'employer, que ce
soit dans la troupe ou dans l'état-major, sur le
front de France ou sur le front Marocain (…) Réunit
les conditions les meilleures pour être inscrit au
tableau d'avancement pour le grade de
lieutenant-colonel qui est instamment demandé pour
lui par le résident général. "
Promu lieutenant colonel en février
1932, il assure la responsabilité directe
de toutes les affaires militaires auprès du
résident. Il travaille en étroite
collaboration avec les chefs opérationnels
et les responsables politiques de la Résidence.
Il suit également les opérations sur le
terrain et entre en contact avec les généraux
français de Loustal, Catroux, Giraud et Huré.
Loin de se limiter aux aspects théorique de
la guerre, Juin s'intéresse de près aux opérations.
En assumant des responsabilités politiques
et militaires, Il trouve qu'il est capable
de devenir un grand chef militaire. En
octobre 1933, affecté à Paris, il quitte
le Maroc avec une nouvelle citation.
|
 |
Affecté comme professeur stagiaire à l'école supérieure
de guerre, le lieutenant-colonel Juin est destiné
à prendre la suite du colonel Almayer qui dirige le
cours de tactique générale. Sa découverte du haut
enseignement militaire le déçoit. Il trouve que
les cours enseignés ne correspondent pas aux réalités
du moment.
En 1933, celui qu'on surnomme déjà Juin l'Africain
est rappelé à Paris. Adepte de la guerre de
mouvement et ennemi de l'attaque frontale, ses
arguments font impression.
Moins d'un an plus tard , le 23 août 1934, il
obtient une mutation et rejoint le 3eme régiment de
zouaves à Constantine, ou il sert pendant plusieurs
mois comme commandant en second. Il se consacre à
l'écriture d'un livre : l'achèvement de la
pacification marocaine, méthodes et programmes.
Dans son étude, il souligne l'intérêt de la
formation sur le terrain qui impose une certaine
vision de la réalité, proche de celle d'une vraie
guerre. A ses yeux, le Maroc est une excellente école
pour les chefs et leurs états-majors.
Le 09 mars 1935, il prend le commandement du 3éme régiment
de zouaves et il est promu colonel le 25 juin
suivant. Le colonel Juin montre alors son opposition
à l'enseignement des doctrines héritées de la
grande guerre. Il pense que les conflits futurs
seront des guerres de mouvement et de fronts
discontinus et tente de préparer son régiment à
ce type de conflit. Le 10 mars 1937 , il quitte le
commandement du 3éme régiment de zouaves et est
chargé par Nogues de diriger le travail des états
majors qu'il a sous sa responsabilité à Paris et a
Alger. Il donne une nouvelle fois entière
satisfaction : " (…) Il
y a intérêt à donner les étoiles au plus tôt à
un officier qui exerce déjà les fonctions de général
et qu'il faut pousser puisqu'il est apte aux plus
hauts commandements (le général Nogues). "
Pour obtenir ces " étoiles ", il suit
les cours au centre des hautes études militaires
qu'il quitte en notant les insuffisances françaises
en terme de préparation matérielle et de
conceptions stratégiques.
Le 26 décembre 1938, le voici élevé au grade
de général de brigade. Il a tout juste cinquante
ans et se retrouve enfin à un niveau d'avancement
plus conforme à ses mérites. Il retourne à Alger
pour la préparation des mesures de mobilisations de
quatorze divisions à lever en Algérie et en
Tunisie. Les événements se précipitent en Europe.
Les troupes allemandes entrent à Prague au mois de
mars 1939. Le 1er septembre, elles franchissent la
frontière polonaise, et le 3, la France et la
Grande-Bretagne déclarent la guerre à l'Allemagne.
Le général de brigade Juin, préférant être présent
sur le théâtre d'opérations européen plutôt
qu'en Afrique du Nord, cherche à obtenir un
commandement en France. Appuyé par Nogues, il est désigné
pour le commandement de la 15eme DI et mis en route
pour la France le 4 décembre 1939. A son arrivée,
la division, bien équipée, est placée en position
de réserve du grand quartier général, ce qui
permet à Juin de préparer ses troupes en mettant
au point des manœuvres offensives et défensives.
La 15eme DI prévue dans une masse de manœuvre que
le haut commandement veut porter en Belgique si
celle ci est attaquée par l'Allemagne. Le jour de
l'affrontement arrive. Le 10 mai 1940, les panzers
allemands entrent en Belgique et le gouvernement à
Bruxelles fait appel aux Alliés. Le haut
commandement français donne l'ordre au général
Juin de mettre en route sa division vers la Dyle ou
il doit occuper, conjointement avec la 1ére
division marocaine du général Mellier, le secteur
de Gembloux.
Arrivé sur la ligne de résistance au matin du 11
mai 1940, Juin donne ses instructions pour organiser
le secteur. La défense de la ligne Namur-Bruxelles
est assurée par la 15eme DI et la division
marocaine de Mellier, son ancien camarade du Maroc.
Pendant quarante huit heures, Juin et Mellier
tiennent en échec l'offensive allemande d'avancer
en direction de Saint-Quentin et Amiens. La poussée
allemande contraint le haut commandement français
à ordonner la retraite. Le 15 mai, Juin doit
diriger la 15eme DI vers Lille. Pendant quinze
jours, il repousse les offensives allemandes jusqu'à
épuisement total de ses munitions. A la tête de
cette valeureuse unité, il tient tête a l'ennemi
dans le saillant de Valenciennes, couvrant ainsi la
retraite anglaise de Dunkerque. Progressivement débordé
sur les ailes, il est enfermé dans les faubourgs de
Lille.
Mais l'armée française est vaincue : Il est trop
tard pour le général Juin qui a décidé de rester
avec ces hommes. Il est fait prisonnier le 30 mai
1940 par le général Von Reicheneau commandant la
VIeme armée allemande et envoyé en détention à
la forteresse de Königstein en Allemagne.
|
Rapatrié sur la
demande du maréchal Pétain, il est promu général
de corps d'armée et nommé commandant en chef
pour l'Afrique du Nord, le 20 novembre 1941,
après le rappel du général Weygand.
Lors du débarquement allié en Afrique du
Nord, le 8 novembre 1942, Juin pousse Darlan
à proclamer le cessez-le-feu et favorise le
ralliement à Giraud. Il passe des accords
avec le commandement américain, ordonne la
mobilisation et déclenche les hostilités sur
le front tunisien, le 19 novembre.
|
Nommé général d'armée en décembre 1942, il
commande de mai 1943 à Juillet 1944 le corps expéditionnaire
français qui va se couvrir de gloire en Italie.
Vainqueur sur le Garigliano, il offre aux Américains
une voie triomphale et leur ouvre les portes de Rome,
le 4 juin 1944.
Rappelé à Alger comme chef d'état-major de la Défense
nationale, il transmet son commandement au général
de Lattre de Tassigny, le 23 juillet 1944.Il assumera
ensuite la haute fonction de résident général au
Maroc.
De 1952 à 1956, il exerce la charge de commandant
interallié des forces atlantiques terrestres du
secteur Centre-Europe.
L'année 1952 marque pour
Alphonse Juin l'apogée de sa carrière. Promu à un
commandement éminent, il est, par-dessus tout, élevé
le 8 mai à la dignité de maréchal de France et,
comme le veut la tradition, il est élu la même année
à l'Académie française.
Après avoir triomphé de
tous les obstacles, donné tant de gloire à la France
et atteint à l'honneur suprême, Juin verra les dernière
années de sa vie assombries par la guerre d'Algérie.
Fidèle à ses origines, il exprime loyalement son
attachement à sa terre natale et, en 1962, il fait
publiquement état de ses divergences quant à la
politique algérienne du président de Gaulle. Ce
dernier le prive alors de toutes ses prérogatives.
Le maréchal Juin s'éteint au Val-de-Grâce le
27janvier 1967. La France lui fait des funérailles
nationales et il est inhumé aux Invalides.
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M. Robert Lacroix, Président des Anciens du Corps
Expéditionnaire Français en Italie,recevant des
mains du Maréchal Juin, le 30 Mai 1955 à Alger, le
Drapeau de ce Corps Prestigieux qui s'est illustré
en particulier au Mont Cassino
|
|
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Historia N° 254
Janvier 1968
Y A UN AN
La
peine de la France fut immense quand elle
apprit, il y a un an ce mois-ci, la
disparition de son dernier maréchal,
Alphonse Juin. Ce n'était pas seulement
son plus prestigieux chef de guerre, le
vainqueur de la campagne d'Italie qui
disparaissait, mais aussi un homme de cœur
et de caractère. Il était aimé pour sa
droiture et son énergie, pour son refus
des compromissions, pour sa modestie aussi
et pour son accueil si bienveillant. Il
fut admiré et aimé à la fois ? ce qui
n'est pas le privilège de tous les grands
hommes. Son souvenir ne sera pas oublié.
Maurice Genevoix l'évoque pour nous. .
|
 |
LE
MARECHAL JUIN
Par Maurice Genevoix
de l'académie française
Paris a rendu l'an dernier
au maréchal Juin un émouvant et digne hommage. On
peut croire que les familiers du grand soldat, les
chefs qui eurent l'honneur de servir sous ses
ordres, lorsqu'ils rappelaient l'éminente valeur du
stratège et l'éclat de ses victoires, rejoignaient
en pensée la foule de ses anciens soldats : ceux-là
mêmes qui montaient, perdus dans les interminables
files des Invalides, vers la dépouille de leur chef
pour le saluer une dernière fois.
Rien de plus naturel et de plus légitime que ce
rapprochement sentimental. Qu'il me soit permis de
l'écrire à travers le souvenir de l'homme ? le maréchal
Juin l'eût souhaité. Je voudrais que l'on
m'accorde de dire pourquoi.
Il s'est trouvé que les dispositions du règlement
académique m'avaient, en 1953, désigné pour
l'accueillir au nom de ses nouveaux confrères. Je
ne l'avais, jusqu'alors, jamais vu. C'est le souci
d'information que me dictait la circonstance qui
provoqua nos premières rencontres.
Tout de suite, dès la poignée de main, par la
vertu du regard direct, grâce au ton de la voix
sans apprêt, à la chaleur de la présence, je
sentis tomber une à une les barrières qu'auraient
pu élever une compréhensible timidité, un trop
naturel respect humain. Ou plutôt, je me rendis
compte que ces barrières n'avaient pas de raison d'être.
De cette aisance initiale, l'admiration ne devait
point souffrir, bien au contraire. Car il me fut
vite évident, à travers les propos, les récits,
les seuls comptes rendus de tiers qui le
connaissaient bien, en l'occurrence ses
collaborateurs les plus fidèles et les plus
proches, que cet homme si simple, si discret sur son
propre compte, si cordial et si facile aux échanges
humains, au devis, était un homme exceptionnel,
dont la stature grandissait a mes yeux à mesure que
je le découvrais.

Le nouveau maréchal en compagnie d'Antoine
Pinay.
Les
débuts d'une carrière
Qu'il ait été major de sa promotion à
Saint-Cyr, que ses premières armes de jeune
officier l'aient ramené vers cette France
nord-africaine où il était né, ce ne sont pas des
signes majeurs où se décèle le futur grand chef.
Vocation, " parfaite aptitude à vivre au sud
du 35, parallèle ", instinct et goût du
combat, du baroud, rien de tout cela qui le
singularisât parmi beaucoup de ses condisciples, de
ses camarades et de ses jeunes émules militaires.
Et pas même ses mutilations ; pas même, bientôt,
l'Ecole de guerre. Mais peut-être, déjà, une réflexion
plus profonde sur ses premières expériences de
guerrier, une manière non commune de s'augmenter
ainsi et de faire face à l'événement futur pour
des enrichissements nouveaux.
Déjà l'exemple de Lyautey, auprès duquel il
sert,. un temps comme aide de camp, les brocards
dont le grand Marocain poursuit les "
kriegspielards à tous crins, incapables de rien
saisir au-delà du cercle étroit des thèmes
tactiques et des règlements militaires où ils se
sont enfermés ", en même temps qu'ils le
frappent et l'émeuvent, touchent au vif son
intelligence.
Déjà aussi, à l'Ecole de guerre, des esprits
libres et originaux comme celui d'un Henri Bidou
l'ont conduit à penser que les hautes intentions
stratégiques, génératrices des possibles
victoires, autant que de l'art militaire, procèdent
de la connaissance des hommes. Cela rejoint ses
souvenirs de combattant, dans un accord intime et
fort dont il s'inspirera, désormais.
Je ne puis pas le suivre ici à travers les étapes
de sa carrière et de sa vie. Soldat de vocation, il
a pris de cette vocation une conscience de plus en
plus vive, dont la bravoure est un des éléments
(deux fois blessé, cinq fois cité comme jeune
lieutenant de troupe, cela, qui va de soi, n'en doit
pas moins être rappelé). Mais d'autres clartés
vont suivre, pour une confirmation stable et forte,
finalement éclatante et perceptible aux yeux de
tous.
Après
la défaite
Tandis que le combattant de 14 rapportait des
tranchées la notion d'une armée fraternelle, faite
de soldats " venus de tous les horizons,
rapprochés dans la misère et dans la gloire par
une camaraderie totale, plus sainte que bien des
amitiés ", le divisionnaire de 1940, après
avoir brisé net, dans la trouée de Gembloux,
l'effort de percée mené par deux Panzerdivisionen,
peut se convaincre qu'un succès tactique local perd
toute son efficacité dans une bataille stratégiquement
perdue.
Von Manstein, à Sedan, a frappé au point le plus
fort de notre ligne de défense, au " verrou
" insuffisamment gardé. Le verrou a sauté, et
les colonnes blindées ennemies, désormais, ont
poussé leurs tentacules à travers les campagnes
françaises.
Prisonnier, réclamé par Weygand pour commander nos
troupes au Maroc, libéré non sans peine, appelé
au commandement de l'armée française d'Afrique après
l'arrestation et l'emprisonnement de Weygand qui
l'avait reconstituée, le futur maréchal, dans des
conditions extrêmement précaires et dures, va
mener en Tunisie une campagne héroïque, efficace,
qui préfigure déjà ce que sera la campagne
d'Italie.

Le Maréchal Juin en Italie
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C'est en septembre
1943 que le général de Gaulle appelle
Juin à la tête du corps expéditionnaire
français. Le 25 novembre suivant, un
Douglas s'envole d'Alger, atterrit à
Naples dans la nuit, sous la pluie, ayant
à bord le général Juin, son chef d'état-major,
le général Carpentier, et quelques rares
officiers.
Reçu ainsi en parent pauvre, le chef français
n'en va pas moins donner sa mesure. La
situation n'est pas brillante. Débarqués
en Sicile depuis juin, à Salerne depuis
septembre, nos alliés anglais et américains
piétinent devant la " ligne Gustav
", qui barre la péninsule à 180
kilomètres au sud de Rome.
Peut-être leurs blindés pourront-ils se
déployer jusqu'à la plaine du Pô quand
cette ligne aura été forcée. Mais il
faut d'abord prendre Cassino, qui la
barre. Et Cassino résiste, tient bon à
tous les assauts. Assauts meurtriers, épuisants.
C'est alors que Juin intervient.
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la
bataille d'Italie s'enlise, Juin frappe
Au Belvédère, il l'a déjà fait, avec deux
divisions seulement. Il a percé le front ennemi ;
mais, faute de troupes fraîches d'appui, cette percée
est restée vaine. Preuve nouvelle, à ses yeux, que
ces attaques sur des fronts étroits, cette "
stratégie à portée de fusil " ne peuvent
aboutir qu'à de faux succès, dérisoires au regard
de la terrible usure qu'ils infligent aux
assaillants. Il a son plan, à l'échelle d'une
vraie manœuvre d'armée. C'est le plan de Juin, qui
deviendra le plan français.
Militairement, c'est un chef-d'œuvre. Toute la
future manœuvre y est inscrite, au point que la
prescience d'un chef y semble forcer l'événement.
Tout s'y tient, tout y concourt, par la vertu et par
la force d'une personnalité hors de pair.
D'abord, au moment décisif, une expérience
longuement méditée, le souvenir du coup de Sedan
qui va être " retourné " à l'ennemi, le
verrou des monts Aurunci frappé droit et frappé
fort jusqu'à ce qu'il ait sauté, l' "
envahissement " de la montagne, le goulet d'Espèria
forcé, la route Itri?Pico coupée, la route de Rome
ouverte aux blindés.
Ensuite ou simultanément, une " connaissance
des hommes " qui assigne et répartit les tâches,
le froid et tenace Dody chargé de briser le verrou,
le Savoyard Sevez et le Rifain Guillaume, avec ses
goumiers et ses mules, chargés d'envahir la
montagne, l'intrépide et mordant Monsabert recevant
la mission d'exploiter hardiment la percée, et
aussi la bravoure, le sens de la "camaraderie
du front ", qui poussent Juin au cœur du
combat, chaleureux et vaillant, remontant les énergies,
ranimant la confiance de tous ; et enfin
l'intuition, le flair, grâce à quoi, le 12 mai,
alors que l'attaque est bloquée, il sent, au
raidissement même de l'ennemi, que celui-ci manque
de réserves en soutien, galvanise alors son armée,
persiste et passe le lendemain.
Désormais, c'est le corps expéditionnaire français
qui mène le train et qui le mènera jusqu'à Rome,
jusqu'à Sienne et jusqu'à l'Arno. Alexander, qui
commande en chef, Clark, qui commande la Vème armée
américaine, à laquelle nous sommes rattachés, le
reconnaissent et saluent, avec la valeur de nos
hommes, la grandeur prestigieuse du chef qui vient
d'en appeler avec eux, décisivement, de la défaite
et de l'humiliation.
Qui ne reconnaîtrait cette grandeur ? Mais je la
vois grandir encore.
Le 22 juillet, le corps expéditionnaire français
s'arrête. Plus exactement, on l'arrête. C'est
qu'il y a eu Téhéran. Que l'on ait ainsi renoncé
à exploiter, à l'échelon d'une guerre mondiale,
une victoire qui pouvait conduire, par les plaines
Lombardes et Vénètes, jusqu'à Vienne, jusqu'à
cette zone des Empires centraux que Churchill, avec
sa rudesse savoureuse, appelait " le bas-ventre
sensible de l'Allemagne ", l'histoire dira si
ce fut bien jugé.
A cette victoire qui eût épargné, peut-être, un
lourd surcroît de souffrances et de ruines, Juin, déjà
victorieux, croyait certes de toutes ses forces.
Mais on l'arrête. Il est soldat. Il obéit.
C'est là, peut-être, qu'il apparaît le plus
grand.
Maurice Genevoix
de l'Académie française
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EN ECOUTANT LE MARECHAL JUIN
Aux Ecoutes du Monde
43ème Année - N° 1950 - 1er décembre 1961
Devant des officiers de réserves du Centre d'Etudes
de Défense Nationale, le Maréchal Juin a prononcé
une allocution dont les termes exacts n'ont pas été
reproduits, mais dont le texte a été soumis préalablement
aux " autorités supérieures ". Le Générale
de Beaufort assistait à cette manifestation qui
apparut à certains comme une réponse au discours
de Strasbourg, auquel n'assistait point le chef du
corps expéditionnaire d'Italie.
Quelques jours auparavant, le maréchal,
rencontrant quelques journalistes, s'était laissé
entraîner à des confidences. Sur le ton de la
conversation, et à bâtons rompus :
- A l'Elysée, certains redoutent mes ambitions
politiques ! Je suis bien trop vieux. Depuis 1940,
la France a fait l'expérience des vieillards, et
quelle expérience !
" Et de rappeler que c'est à sa demande, à
l'age de soixante-huit ans, qu'il a quitté
l'O.T.A.N., pour ne pas répéter l'erreur de
Gamelin, maintenu en fonction après la limite
d'age. "
- En période de paix, ironise le Maréchal, ni
l'opinion, ni le ministre, ni le Chef de l'Etat ne
s'aperçoivent que les généraux vieillissent.
C'est au feu que leur fatigue physique et
intellectuelle apparaît…
Les
civils ne vieillissent pas
Le Maréchal s'arrête, et conte cette ravissante
anecdote :
- Avant de quitter le commandement du Centre-Europe,
j'ai rendu visite au Chancelier Adenauer. Il me
demanda la raison de mon départ : " Je suis
trop vieux ", lui ai-je expliqué. Un peu
surpris, froissé peut-être, il m'a demandé "
si je disais cela pour lui ". Alors je lui ai répondu
: " Non, certes, Vous êtes un politique, je
suis un militaire. Et seuls les hommes d'Etat ont le
privilège de ne vieillir point. " Le
Chancelier en est convenu.
Leurs
" désaccords "
Souriant, détendu, il évoque ce qu'il appelle
ses " difficultés " avec le Chef de l'Etat.
- Après le discours du 16 septembre sur l'autodétermination,
j'ai exprimé mes inquiétudes dans " l'Aurore
". Le Général a manifesté de l'humeur. Je
lui ai alors fait dire : " Puisque tu ne m'as
pas compris, expliquons-nous ". Et ce fut le
silence. Pendant plus d'un an. Puis un jour, il m'a
prié de lui faire connaître par lettre mes
observations. Ce que j'ai fait, en publiant ce
document…puisqu'on ne voulait pas me recevoir.
" On ne me l'a point pardonné.
" Qu'importe ! Un jour je lui ai dit : Je suis
prêt à te renvoyer mon bâton et ma grand-croix,
car je n'ai jamais réclamé ni l'un ni l'autre
".
A Saint-Cyr, les deux hommes se connurent peu,
quoiqu'ils fussent camarades de " promo ".
Leurs relations datent de 1943. Elles furent
d'autant plus cordiales que le Général Juin était
dénué de toute ambition politique.
L'interdit
de séjour
Néanmoins, le Maréchal cache à peine son
amertume :
- Je suis interdit de séjour en Algérie, où je
suis né, où je possède encore quelques biens.
" Dommage que De Gaulle soit parti d'une idée
fausse : celle de l'indépendance, celle de la
nation algérienne, comme il a cru à la nation guinéenne
ou malienne.
" Il a confondu l'intégration et
l'assimilation. Un jour il a dit : " Regardez
ces Kabyles, vous n'en ferez jamais des Poitevins ou
des Flamands ! " Voilà l(erreur, la confusion
avec la francisation.
Le
pré carré de papa
Sur le terrain purement stratégique, entre les
deux hommes, les divergences ne sont pas moindres.
Le général croit à " l'Europe des patries
", à la Sainte-Alliance, au traité de Vienne,
à la diplomatie de grand-papa.
- Une armée, dit-il, n'est pas faite pour sortir de
ses frontières, mais pour les surveiller, les protéger.
Le Maréchal a dépassé ce stade. Il croit à
l'Europe tout court.
- Sans elle, dit-il, pas de défense possible pour
la France. Nous ne sommes plus à l'époque de
Metternich, mais à l'ère des continents. Un avion
traversera bientôt la France en quinze minutes.
L'hexagone de grand-papa, le pré carré de nos rois
est dépassé ? " Il " ne s'en aperçoit
pas.
Evoquant en conclusion le désarroi moral de
nombreux officiers, le Maréchal dit encore :
- Il faudra du temps pour refaire l'unité et le
moral de l'Armée. Après Waterloo, c'est la conquête
de l'Algérie, quinze ans plus tard, qui a, seule
permis de refaire l'armée française. Et cela,
c'est le général De Gaulle lui-même qui me l'a
dit.
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Statue du Maréchal Juin
AIX EN PROVENCE photos http://martin.michel47.free.fr/
Militaire
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Biographie
Né à Bône (Algérie),
Alphonse JUIN (1888-1967)
Élu en 1952 au fauteuil 4 de l’Académie Française
Grand-Croix de la Légion d'honneur
Médaille militaire
Croix de guerre 1914-1918
Prédécesseur : Jean Tharaud
Successeur : Pierre Emmanuel

Né à Bône (Algérie), le 16 décembre 1888.
Fils d’un gendarme en poste à Mostaganem, Alphonse Juin fit ses études
secondaires en Algérie, aux lycées d’Alger puis de Constantine, avant
d’intégrer Saint-Cyr en 1910. Sorti major de sa promotion en 1912, il
servit pendant deux ans au Maroc. Quand éclata la Première Guerre
mondiale, il fut rappelé en métropole et participa aux combats avec les
Tabors marocains. Blessé en 1915, il perdit l’usage de son bras droit.
Il repartit alors pour le Maroc où, après quelques mois de convalescence
il refuse le poste d’officier d’ordonnance du général Lyautey pour
servir à l’état-major de Rabat avant de recevoir, en décembre 1916,
le commandement d’une compagnie de mitrailleuses du 1er régiment de
tirailleurs marocains. En octobre 1918 enfin, il devait rejoindre l’état-major
de la 153e division d’infanterie, puis fut détaché à la mission
militaire française près de l’armée américaine.
Après la guerre, il enseigna une année à l’École de guerre avant de
regagner l’Afrique, où il se battit dans le Rif. Son action vigoureuse
en faveur de la pacification du Maroc au début des années 20 lui valut
d’être proposé à titre exceptionnel pour le grade de chef de
bataillon.
Étant repassé vers 1930 par l’École de guerre pour y dispenser un
cours de tactique générale, il gravit tous les échelons de la hiérarchie
militaire, fut promu chef d’état-major des forces armées de
l’Afrique du Nord, puis, à la fin de l’année 1938, général de
l’armée d’Afrique.
En 1939, au moment de la déclaration de guerre, il fut nommé commandant
de la 15e division d’infanterie motorisée. Il couvrit la retraite de
Dunkerque en mai 1940, mena un combat désespéré, mais fut fait
prisonnier le 19 mai. Libéré à la demande de Vichy en juin 1941, il fut
envoyé pour succéder à Weygand comme commandant en chef des forces
d’Afrique du Nord.
S’étant rallié aux Américains en novembre 1942, il prit la tête du
contingent français qui arrêta la force de l’Axe en Tunisie, et
contribua à l’anéantissement de l’Afrikacorps. Appelé par de Gaulle
à la tête du corps expéditionnaire français en Italie, il imposa aux
Alliés son plan d’offensive et perça en mars 1943 le front allemand
sur le Garigliano, ouvrant la route de Rome et de Sienne. Son corps fut
ensuite affecté au débarquement de Provence.
Chef d’état-major général de la Défense nationale de 1945 à 1947,
il fut (1947-1951) résident général au Maroc. Nommé ensuite inspecteur
général des forces armées, il exerça dans le même temps (1951-1956)
le commandement interallié des forces terrestres du secteur Centre-Europe
de l’OTAN.
Élevé à la dignité de maréchal de France en 1952, Alphonse Juin se
montra hostile à la politique algérienne du général de Gaulle, mais
refusa néanmoins de soutenir le putsch des généraux.
Le maréchal Juin réunissait toutes les qualités à la fois d’homme de
terrain et de stratège. Il était l’un des seuls officiers généraux
à tutoyer le général de Gaulle, dont il était camarade de promotion.
Leurs rapports étaient néanmoins distants. Comme il avait demandé un
jour à ce dernier de lui dédicacer sa photographie, de Gaulle s’exécuta
en inscrivant au bas du portrait : « Au maréchal Juin, qui sut saisir la
victoire quand elle se présentait. » Il a laissé quelques écrits,
notamment un volume de Mémoires.
Membre de l’Académie des Sciences coloniales, il fut élu à l’Académie
française le 20 novembre 1952, par 25 voix — une véritable élection
de maréchal —, au fauteuil de Jean Tharaud.
C’est Maurice Genevoix qui le reçut le 25 juin 1953. Il reçut lui-même
Henri Troyat.
Mort le 27 janvier 1967.
Œuvres de Alphonse JUIN
1957
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|
Le Maghreb en feu
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1958
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L’Europe en question (avec H. Massis)
|
1959-1960
|

|
Mémoires, 2 vol.
|
1960
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|
Je suis soldat
|
1962
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|
La Campagne d’Italie
|
1962
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|
C’étaient nos frères
|
1963
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|
La France en Algérie (avec . Narun)
|
1964
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La brigade marocaine à la Bataille de la Marne
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Maréchal Alphonse Juin sur le site de BERNARD VENIS
http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis/Alger/portraits/pages_liees/06_marechal_juin_pn35.htm

L’ENFANCE DU MARÉCHAL JUIN par le Géneral CHAMBRE
http://generalchambe.free.fr/articles/LES%20JOURS%20HEUREUX.htm
LE MARÉCHAL JUIN, “DUC DU GARIGLIANO”

Combattant
des deux guerres mondiales, la carrière du général Chambe est beaucoup trop
longue et trop compliquée pour l’exposer en quelques lignes.
Retenons-en seulement l’essentiel en ce qui concerne ses rapports
avec le futur maréchal Juin.
Aux
heures brûlantes d’Alger, en 1942-1943, alors que le général Chambe était
l’un des ministres, puis le chef du cabinet militaire du général Giraud,
il eut l’occasion de rencontrer fréquemment le général Juin.
Leurs pensées étaient les mêmes.
Les deux hommes étaient faits pour s’entendre.
Les
événements étant devenus ce qu’ils furent à l’arrivée du général de
Gaulle à Alger, le général Chambe rejoignit, sur son invitation, le général
Juin à l’Armée d’Italie. Il
prit part ainsi à ses côtés à toute la campagne de 1944, depuis la
bataille du Garigliano jusqu’à Florence.
Il l’a vu en pleine action sur les champs de bataille et dans
l’exercice de son commandement. Il
l’a admiré en connaissance de cause, il a recueilli maints de ses propos,
aussi bien sur le plan militaire que sur le plan philosophique ou simplement
humain.
Resté
son ami après la guerre, il a continué de le voir très souvent et de noter,
au cours de leurs entretiens, ses pensées, ses réflexions, ses réactions
durant les vingt dernières années, en particulier au moment du drame algérien,
qui fut pour lui si cruel.
Le
général Chambe, écrivain et historien scrupuleux, était tout spécialement
désigné pour écrire cette biographie du maréchal Juin.

Pardonnez mon retard à vous remercier de
votre courriel et de votre lien vers le site du général Chambe.
Puisque votre site est sur le Maréchal Juin
(je l'ai rencontré, ainsi que son épouse, deux fois chez mon
grand-père le général Chambe), je vous signale, outre Le
Maréchal Juin - duc du Garigliano (Presses de la Cité), le général
Chambe a publié trois autres livres où figure le Maréchal Juin : La
Bataille du Garigliano (Ditis), L'Épopée Française
d'Italie (Flammarion) (préfacé par A. Juin) et Le
Bataillon du Belvédère (Flammarion).
Vous trouverez, en attaché, photos et préface
susceptibles de vous intéresser.
Pour éviter d'éventuels problèmes de réception,
je vous adresse en attaché, sur un autre email, la préface du Maréchal
Juin.
Amicalement !
 |
JUIN Victor Pierre, gendarme à la 19ième légion
de Constantine, a prété serment le 24/02/1888 Paris, ° 08/03/1856 St Denis,
79220, fils de + Alphonse et de ROCHE Modeste, x 07/03/1888 à SALINI Précieuse
domiciliée à Constantine. SHAT gendarmerie nationale 19ième légion 42Yc
70bis.
Amicalement
CL SOULIER

Une Lourde porte de bronze, dissimulée derrière le grand autel de l'église
Saint Louis des invalides, donne accès à un escalier de pierres qui mène à la
crypte creusée sous le sanctuaire. C'est dans cette crypte que depuis trois siècles
sont ensevelis les gouverneurs des invalides.
ALPHONSE JUIN voulait être enseveli dans sa terre natale, sur le rocher de
Sidi M'Cid, dans la lumière du soleil d'Afrique bercé par le grondement des
eaux du Rhummel.
Dans le profond silence du caveau des gouverneurs, le Maréchal JUIN repose
au milieu de ses pairs, qui, comme lui dans les travaux de la paix comme dans le
fracas des batailles, n'ont eu qu'une pensée: servir leur pays.


photos provenant du magazine la charte

1967
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27 janvier
Mort
du Maréchal Juin
A 78 ans, Alphonse Juin, dernier maréchal de France, s'éteint à l'Hôpital
du Val-de Grâce à Paris. Il s'était notamment distingué à la tête
des forces françaises libres d'Afrique du Nord lors de la libération de
l'Italie et du débarquement en Provence. Maréchal de France en 1952 et
membre de l'Académie Française, ses obsèques donnent lieu à un grand
moment de ferveur gaulliste et télévisée.
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SITES
http://www.cgb.fr/monnaies/modernes/m10/gb/monnaiesgbd410.html
http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis/Alger/portraits/pages_liees/06_marechal_juin_pn35.htm
http://www.academie-francaise.fr/immortels/discours_reception/juin.html

les invalides mois de mai 2005

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musée de l'artillerie Draguignan juin 2005


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