BÔNE A L'ÉPOQUE VILLE D'UN DÉPARTEMENT FRANÇAIS
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LES LIVRES ET VIDÉO LE TOIT COLLECTIF BÔNOIS-RETROUVAILLES PAGE HISTORIQUE CHRISTIAN AGIUS PAGE DE MONSIEUR ALBIN SEBASTIANI PHOTO DE MONSIEUR DAUBEZE/GUATTERI
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LES
BENI-RAMASSES Ah !, tu es de BONE ! ... "Si tu vois le cimetière de Bône, l'envie de
mourir y te donne !". Que de fois, au cours de mes pérégrinations,
ai-je été apostrophé de la sorte ! N'en déplaise aux railleurs de tout
poils, je n'aurais pas eu l'honneur de reposer dans le cimetière arabe du Lever
de l'Aurore ; nécropole remarquable, mêlant le camaïeu bleu-vert des tombes
et des frondaisons, à celui de l'azur, à celui de la mer qui ourlait de son écume
les rochers de la corniche. Bône avait d'autres motifs pour affirmer sa célébrité.
Quelle autre ville pouvait se vanter d'avoir donné asile à Saint Augustin, à
d'illustres soldats, à d'éminents sportifs, champions du monde ou champions
olympiques ? Et de nos fabulistes bônois, qu'en dites-vous ?...
Un chroniqueur a affirmé - mais les faits sont à vérifier ‑ qu'Esope était
né à Hippone et que La Fontaine débuta sa carrière en qualité de fermier-général
dans la forêt de l'Edough ! Tête de pont d'un hinterland aux immenses ressources
agricoles et minières, ville en perpétuelle extension, enserrée dans son
corset de remparts, Bône vit proliférer, alentour, de nombreuses cités
satellites : la Choumarelle, les Salines, Bou-Hamra, cité Auzas, Ruisseau d'Or.
Ruisseau d'Or ! -mezza voce -cloaque malodorant, exutoire des rejets des
huileries Tamzali aux tons mordorés de cétoine, paressant avant d'aller
grossir la Boudjimah ! Les "orpailleurs" qui se hasardaient sur
ses rives n'étaient autres que les "oualiounes" de l'école de la
Colonne, qui, « fatchant » leurs classes, se livraient à la
cueillette des "adjoumars et des tamaragas". Et puis, j'en viens !, il y avait les BENI-RAMASSES :
vocable qui inspirait aux étrangers à la ville hilarité et compassion. Ils
imaginaient un monstrueux ramasse-miettes débarrassant la vieille ville de tous
les reliefs d'un repas, puis déversant tous ces immondices sur la crête de la
colline du val Mascort, à mi-chemin entre le quartier de l’Etoile et de la
plage Chapuis... C'était cela les Béni-Ramassés : un bidon-ville, des cases bâties
avec des matériaux de récupération : tôles, planches, toiles : murs en
torchis, édifiées sans plan d'urbanisation, reliées entre elles par un
inextricable réseau de ruelles sans nom. La police s'y rendait souvent pour ses
investigations. Reçues par le chef du village, au café maure, elle n'était
l'objet d'aucun sarcasme, d'aucun jet de pierres de bouteilles ou d’œufs
pourris. Ses véhicules n'étaient même pas incendiés ! Le facteur Garrigues desservant le quartier, juché
sur son vélo au guidon en moustaches à la Dali, savait retrouver ses clients :
Merdaci ?... troisième fontaine !... Bougoufa Chérif, ?... cinquième
fontaine !... Bouras Louisa ?..., neuvième fontaine !... car la Municipalité,
se préoccupant des problèmes de voirie, avait construit un réseau d'adduction
d'eau. Deux groupes scolaires d'une vingtaine de classes chacun et un ouvroir
pour jeunes filles accueillaient tous les jeunes enfants. Tous les matins, les Beni-Ramassés se vidaient de
leurs âmes : les hommes, fournissant la main-d’œuvre à toutes les usines et
entreprises de la ville, les femmes en longue procession constituant le contingent
des femmes de ménage. Notre bonne vieille Messaouda parcourait tous les
matins deux kilomètres pour, remontant le boulevard Mermoz, se rendre chez
nous, à Beauséjour. je note, au passage, que les Messaouda actuelles, de
Corse ou d'ailleurs ne descendent plus de leurs Beni-Ramassés à pied, mais en
B.M.W. ou en "Pigeot 505" !... et que nos propres Messaouda, (qui ne
sont autres que nos épouses) se déplacent à pied : normal, non elles
n'avaient qu'à demander leur indépendance, elles aussi ! je me suis laissé dire que dans toutes les villes de
France des Béni-Ramassés profiteraient - amibes géantes poussant à l'infini
leurs pseudopodes Mais, originalité, on les appelle des banlieues, on
leur affecte un ministre, on crée des groupements d'écoles, on bâtit des
maisons du citoyen ! (Mais où logeaient les citoyens d'antan ? ... ) On a même prévu que des petits soldats du
contingent, remisant au râtelier d'armes leurs escopettes, seraient dotés de
crochets et d'aiguilles à tricoter. Pénélopes modernes, ils auront tissé, avant l'an
deux mille, ce gigantesque Béni-Ramassês ; douzième état de la Communauté
européenne qui s'appelait, jadis, la Gaule Albin
SÉBASTIANI
Histoire
bônoise véridique ou... la réalité dépasse la fiction ! Autrefois
le cimetière de Bône l'envie de mourir "y te donne..." Aujourd'hui,
à l'hôpital d'Annaba on meurt du ridicule ! ...
mais on a téléphone, fax et télex...
Cher Monsieur, REÇU LE 28-07-2005 MR SEBASTIANI
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